En écrivant un papier sur la
longévité de Marc Marquez, je me suis posé une question :
mais après toutes ces années, quels sont les pilotes qui ont
rivalisé avec lui ? Un commentaire très pertinent soulignait
qu’en réalité, Marc Marquez n’avait jamais connu d’adversaire de sa
trempe au plus haut niveau, et je crois que je suis d’accord avec
cette affirmation… à un exemple près. Voici celui qui l’a poussé
dans ses retranchements.
Ne pas confondre rival et adversaire
Avant de débuter, je voulais rapidement revenir sur les
adversaires qu’il a eus, et définir un peu le terme
rivalité. Un rival, ce n’est pas quelqu’un contre qui Marc
gagne des courses, c’est un personnage qui peut enrayer la machine,
qui peut lui tenir la dragée haute sur un GP comme sur une saison.
C’est bien plus qu’un simple concurrent, et ça peut carrément
devenir un ennemi.
Des adversaires de grande valeur, Marquez en a
connu. Valentino Rossi, bien sûr, mais je suis désolé pour
les fans de « The Doctor » : il n’y a jamais eu
match sur la piste. En 2015, la seule saison où Rossi a terminé
devant Marc Marquez au classement depuis l’arrivée de ce dernier en
2013 (hors 2020), Marquez était plus rapide, plus fort, plus
explosif. Il s’est simplement sabordé lui-même. Et après, il n’y
avait plus match, puisque Rossi entamait gentiment son déclin.
L’autre profil qui me vient en tête est Andrea
Dovizioso. D’accord, il a fini trois fois vice-champion du
monde d’affilée, à chaque fois derrière Marc Marquez. Et oui, il a
même joué un titre à Valence face à l’Espagnol, en 2017. Mais
honnêtement, personne, je ne dis bien personne, ne pensait qu’en
termes de pilotage, les deux se valaient. Les fois où Dovizioso a
été brillant se comptent sur les doigts de la main, et globalement,
il n’a jamais réussi à s’imposer durablement face à Marquez. De
plus, il ne faut pas oublier qu’à partir de 2018 et peut-être de la
mi-2017, il disposait d’une aussi bonne, voire meilleure moto.
Non, le seul qui a fait trembler Marc Marquez sur plusieurs
années, c’est Jorge
Lorenzo.
N’empêche, qu’elles étaient belles ces années ! Photo : Box
Repsol
Une vraie rivalité
Au fil des années et des articles, beaucoup veulent me coller
une étiquette. J’ai eu droit aux : « C’est sûr,
il est fan de Rossi, c’est un jaune fluo », mais
aussi aux « Les articles pro-Marquez, ça suffit, on
sait qu’il est fan ». Ça me fait toujours rire, car
je n’ai jamais été derrière l’un des deux pilotes. Moi, mon idole
de « jeunesse », c’était Jorge Lorenzo. J’adorais tout de
ce mec, et c’est pour ça que je vous prie d’excuser ma subjectivité
dans ce papier.
Ceci signifie donc que je n’ai pas d’affinité
particulière avec Rossi ou Marquez, croyez-le ou non.
Certes, l’Italien a été un grand rival de Lorenzo… mais Marc
Marquez aussi. En effet, c’est désormais oublié et les deux
s’entendent bien, mais Lorenzo a été le premier à critiquer le
style trop agressif de Marc Marquez dès de son arrivée en MotoGP en 2013, alors que Rossi lui faisait de
grandes accolades dans les parcs fermés. C’est bien Lorenzo qui a
refusé de tendre la main à Jerez, après s’être fait voler la
deuxième place suite à un blockpass dans le dernier virage
– désolé, mais je l’ai toujours en travers.
Ainsi, nous avions bien de l’animosité entre les deux, mais pas
que. Pour qu’une grande rivalité se forme, il faut deux pilotes au
top. Et personne n’a posé autant de problèmes à Marc Marquez que
« Por Fuera » sur la piste. Les deux se sont livré des
batailles titanesques, en 2013, bien sûr, mais pas que. Parlons un
peu de cette saison, d’ailleurs. En tant que fan de
Lorenzo, je trouve qu’il n’a jamais été aussi bon dans le
pilotage. Oui, il ne prend pas le titre, et Marquez
s’impose en tant que rookie. Mais il ne faut pas oublier le
contexte : Jorge s’est lourdement blessé à Assen, puis
au Sachsenring. Cette satanée clavicule lui coûte
assurément la couronne, car, désolé de le dire, mais sur la moto,
il était meilleur que Marquez. Le bilan est de huit victoires
contre sept, malgré un handicap physique indéniable. Que dire de
cette fin de saison du n°99, qui, dos au mur, a remporté les trois
dernières courses ? Que dire de ce Grand Prix de
Grande-Bretagne, où, après avoir laissé la pole à Marquez malgré un
tour fantastique, Lorenzo l’a doublé dans les derniers
instants ?
Et la rivalité a continué les années suivantes. L’exercice 2014
fut clairement dominé par Marquez, mais Lorenzo était en forme sur
certaines manches, je pense, notamment à ce duel au Mugello. Puis,
en 2015, nouveau festival, avec, cette fois, un « Por
Fuera » au top de sa forme, champion du monde légitime en fin
de saison. Qui, à l’ère Marquez, a réussi à remporter une
série de quatre courses consécutives comme Lorenzo l’a fait de
Jerez à la Catalogne ?
Bien
sûr, ils se respectaient. Photo : Box Repsol
Ai-je seulement besoin de parler de 2016, et de cette victoire
monstrueuse au Mugello – ma course préférée de tous les
temps – ? J’en ai déjà fait un article, que
vous pouvez retrouver en cliquant ici.
Les légendes ne meurent jamais
Et ce n’est pas fini ! Lorenzo, après une
année d’apprentissage sur Ducati, était de nouveau en lice en 2018.
Marc Marquez le disait : s’il maîtrise la Desmosedici – sur
laquelle, en un an et quelques GP, il était déjà meilleur que
Dovizioso –, Lorenzo peut devenir un vrai danger. Comment ne pas
évoquer, par le fait, les trois victoires de « Por
Fuera » cette saison, dont ce duel historique au Red Bull
Ring ! Il s’est permis de coller un exter’ à Marquez dans le
virage n°3 ; qui d’autre peut faire ça ?
Malheureusement, il y a eu cette blessure à Aragon, et puis après,
l’âge l’a rattrapé, forcément, car il avait déjà la trentaine
passée alors que Marquez n’avait que 25 printemps.
Quand l’on cumule tout bout à bout, je crois que personne n’a
autant menacé Marc Marquez depuis, si l’on omet, naturellement, ses
années passées à l’infirmerie. Et quand on regarde la
saison 2025, on comprend à quel point cela devait être
compliqué.
Qu’en pensez-vous ? Dites-le-moi en
commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur,
et pas de l’entièreté de la rédaction.
L’un de
mes meilleurs souvenirs en MotoGP. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport