Saison 2025 de MotoGP –

Brisé de partout, voici comment Marc Marquez a ressuscité

Publié: 31.03.2025, 11h05Le pilote espagnol Ducati, Marc Marquez, chute lors de la deuxième séance d’essais libres du MotoGP au Grand Prix de Catalogne, Circuit de Catalunya, le 25 mai 2024.

Marc Marquez l’a d’abord emporté dans les deux courses en Thaïlande début mars avant d’enchaîner en Argentine, deux semaines plus tard.

AFP

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  • Après une grave blessure en 2020 et des années de galère, Marc Marquez réalise un retour triomphal au plus haut niveau en MotoGP.
  • Les frères Marquez dominent le début de saison avec quatre doublés en autant de courses.
  • Marc Marquez a subi de nombreuses opérations et a failli prendre sa retraite.
  • Le champion catalan se rapproche désormais des records de Valentino Rossi et de Giacomo Agostini.

Grand Prix de Jerez 2020, 22e tour: le sextuple champion du monde de MotoGP Marc Marquez chute violemment et passe par-dessus sa Honda. Il se relève avec une fracture de l’humérus droit et c’est le début d’une longue descente aux enfers pour l’Espagnol. Cinq ans plus tard, nous assistons en ce début de saison 2025 à l’extraordinaire renaissance du pilote. Il était tout bonnement invaincu en quatre courses, avant le Grand Prix des Amériques de ce week-end.

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Pourtant, nombreux étaient ceux qui le pensaient incapable de revenir au plus haut niveau après le calvaire que lui a fait vivre son bras droit. Lui-même a songé à tout arrêter, alors qu’il n’a aujourd’hui que 32 ans. «Évidemment que j’ai pensé à prendre ma retraite, expliquait-il dans une vidéo sur son retour. Je me suis dit qu’autant de souffrance, ça n’en valait pas le coup.»

Multiples interventions chirurgicales

Il faut dire que le champion espagnol a davantage fréquenté les salles d’opération que la première marche du podium entre 2020 et 2022. Et il a dû apprendre une patience qui lui faisait défaut.

Marc Marquez reconnaît ainsi avoir commis «l’erreur de sa vie» en voulant à tout prix remonter en selle trois jours seulement après sa chute de Jerez. Il avait tenté de participer à la course suivante, l’humérus tout juste maintenu par des plaques et des vis. Les essais n’ont pas été concluants et cela a aggravé encore sa blessure.

Marc Marquez du Repsol Honda Team fait le signe de la victoire lors du Grand Prix d’Andalousie à Jerez, le 26 juillet 2020.

Marc Marquez le 26 juillet 2020, alors qu’il espère participer à la deuxième course de la saison, moins d’une semaine après s’être fracturé l’humérus droit.

AFP

Le Catalan ne voulait juste pas se rendre compte que sa carrière si parfaite jusqu’ici connaissait un sérieux coup d’arrêt. Avec huit titres en dix ans toutes catégories confondues et des périodes de domination insolentes, il était parti pour battre tous les records. «J’avais une carrière de rêve jusqu’en 2020, confie-t-il à ESPN. Et puis, du jour au lendemain, et pendant les deux années qui ont suivi, ça a été un cauchemar.»

Un cauchemar d’abord fait de trois opérations en 2020. Entre une plaque qui a cassé après sa tentative prématurée de retour, des greffes osseuses et une infection, Marc Marquez aura tout connu. Quand il revient en 2021, son talent exceptionnel lui permet de remporter trois courses, mais il est clairement diminué avec son bras.

Pour Alberto Puig, son team principal chez Honda à ce moment, «il roule avec, je ne dirais pas un seul bras, mais plutôt avec un bras et demi. Je pense qu’il n’y a qu’un seul homme qui peut faire ça et c’est lui.» La douleur l’empêche de bien manier sa monture de 1000 cm³ et, lancé à plus de 350 km/h, cela ne pardonne pas. Marquez connaît 22 chutes en l’espace de 14 courses. On doute alors de sa capacité à retrouver son niveau.

L’opération de la dernière chance

Et ce n’est guère mieux en 2022. Il est de nouveau stoppé par une chute qui lui provoque des problèmes de vision puisqu’on lui diagnostique une diplopie. L’Espagnol voit double et doit donc renoncer à deux courses.

Puis le sextuple champion du monde met fin prématurément à sa saison et décide de tenter l’opération de la dernière chance pour son bras. «Lorsque j’ai consulté les médecins, j’ai dit: «Faites-moi savoir si nous avons une solution, sinon je prendrai ma retraite», car la situation ne cessait d’empirer», raconte-t-il à ESPN.

Un spécialiste américain lui propose alors de tout refaire. Se basant sur une impression en 3D du bras mutilé, il constate que l’humérus s’est très mal remis. Le traitement est lourd: on recasse l’os, on le fait pivoter de 34 degrés et on maintient le tout avec une plaque et de nombreuses vis.

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Marc Marquez en garde d’impressionnantes cicatrices, mais l’intervention lui a permis de retrouver des sensations normales. Et c’est en 2024 que le phénix catalan a commencé à prendre son envol. Après onze saisons au guidon d’une Honda, il passe sur une Ducati du team Gresini. Et, malgré une machine datant de l’année précédente, il remonte sur la première marche du podium le 1er septembre en Aragon. C’est la fin d’une interminable attente de 1043 jours depuis sa précédente victoire, le 24 octobre 2021.

Troisième du championnat avec trois victoires au compteur, Marc Marquez est promu dans l’équipe Ducati principale, préféré au champion du monde 2024 Jorge Martin. Il retrouve donc cette année une machine à la hauteur de son talent et ce qu’il démontre en ce début de saison est exceptionnel. On retrouve un Marquez qui enchaîne les victoires comme on l’a connu au sommet de sa carrière. Cette année, il a réalisé un début de championnat tonitruant, avec deux week-ends parfaits, en remportant les deux courses prints et les deux Grands Prix. Au Texas, il a une nouvelle fois remporté le sprint mais est tombé, sans gravité, ce dimanche.

Un triomphe familial des Marquez

Comme si l’histoire n’était pas suffisamment belle, à chaque fois que Marc l’a emporté, cela a été devant son petit frère Alex, resté lui dans «l’équipe B» de Ducati, le team Gresini. Il fait donc un début de saison inespéré, lui qui a toujours été dans l’ombre fraternelle. Marc et Alex, extrêmement proches dans la vie, sont à la fête et se permettent de célébrer leurs doublés en dansant après la course quand leurs adversaires se demandent jusqu’où ira la fratrie. Après la chute du grand frère ce dimanche, Alex Marquez a même pris la tête du championnat pour la première fois de sa carrière. Il attend encore de pouvoir décrocher sa première victoire.

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Et l’arrivée de Marc Marquez au guidon de la Ducati officielle éclipse totalement le double champion du monde Francesco Bagnaia. «Pecco» régnait en maître incontesté dans l’équipe de Bologne ces dernières années, mais l’Italien doit désormais se contenter de suivre à distance l’envolée des Marquez.

Selon l’actuel pilote d’essai Honda, l’expérimenté allemand Stefan Bradl, nous sommes revenus au pic de la carrière de Marc Marquez. «Pour la première fois depuis des années, j’ai ressenti cette aura d’invincibilité qui entourait Marc chez Honda. Elle est désormais palpable dans le garage Ducati, auprès des médias, des fans. Pecco est clairement le numéro 2.»

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Si cela devait durer, ce sont les légendes de la discipline qui pourraient trembler. Avec six titres en catégorie reine, le Catalan est à une longueur de Valentino Rossi et à deux de Giacomo Agostini.

En termes de victoires, en remportant sa 90e course, Marc Marquez s’est aussi rapproché du total de ses deux illustres prédécesseurs (115 pour Rossi et 122 pour Agostini). «Je le vois dépasser les records de Valentino, et j’espère qu’il n’atteindra pas les miens, a réagi Giacomo Agostini à «La Repubblica». S’il y parvient, je serai toutefois le premier à le féliciter pour cet exploit, car les records sont faits pour être battus.»

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Julien Culet est responsable de la rubrique Suisse-Monde-Economie. Il a rejoint la rubrique Suisse en 2018 en tant que correspondant à Genève pour «Le Matin Dimanche». Il a auparavant travaillé durant 5 ans au sein de la rédaction du «20 minutes».@JulienClt

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