Par
Alban Lannoy
Publié le
5 août 2025 à 17h50
Pourquoi avoir voulu devenir libraire ?
J’ai travaillé longtemps dans le commerce international. Puis je suis partie en Russie, où j’ai enseigné au lycée français. En revenant, j’ai enchaîné des jobs qui ne me plaisaient pas du tout. Et puis un jour, en 2013, mon mari apprend que la librairie est à vendre… Étant lectrice depuis toute petite, j’ai toujours plusieurs livres en cours. Je ne passe pas une journée sans lire. Alors voilà, on s’est lancés.
Quel est le premier livre qui vous a marquée ?
On me pose souvent la question ! Je pense que ce sont les classiques de la Bibliothèque rose et verte : Jojo Lapin, Comtesse de Ségur… Je les relisais en boucle. Je crois que depuis que je sais lire, je ne me suis jamais arrêtée… Encore aujourd’hui, même si je me couche à 5 h du matin après un mariage, je lis une demi-page !
Lisez-vous encore des bandes dessinées ?
J’en lisais beaucoup enfant, puis plus du tout. Mais récemment, une collègue m’a conseillé des BD plus actuelles, et j’ai été bluffée. Le style a énormément évolué, la BD aborde des sujets très sérieux, très forts, comme Champ de bataille d’Inès Léraud. C’est sur le remembrement d’après-guerre. J’ai trouvé ça hyper intéressant et très bien construit.
Et les mangas ?
J’ai essayé. Vraiment. Mais je n’arrive pas à accrocher. Même un manga adulte, sur la liberté de la presse au Japon, pourtant passionnant… je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. C’est un style particulier, je n’ai pas grandi avec. J’ai du mal à m’y faire…
Y a-t-il, pour vous, une « sous-culture » de la littérature ?
Non. Un livre qui fait lire, c’est déjà bien. Que ce soit un roman, une BD ou un manga. Il n’y a pas de mauvaise lecture si elle procure du plaisir.
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Les yeux de Mona – Thomas Schlesser
Une petite fille fait des épisodes de cécité. Son médecin l’oriente vers un psy, mais son grand-père refuse : « Je vais plutôt lui mettre des belles choses dans la tête. » Il l’emmène chaque semaine au musée, et lui explique les œuvres, leur époque, leur histoire. Le livre inclut les tableaux, avec des explications claires et détaillées. En parallèle, on découvre peu à peu la raison de sa cécité : un secret de famille. Un roman sensible, à double lecture.
L’homme qui écoutait battre le cœur des chats – Mathias Malzieu
L’auteur raconte sa propre histoire : il vit sur une péniche à Paris avec sa compagne. Après une fausse couche grave, ils renoncent à avoir un enfant… et adoptent un chaton – alors qu’ils ont déjà un chat. Les deux chats deviennent les narrateurs. Ils observent, racontent leurs maîtres ou ce qu’ils croyaient être leur maître… C’est poétique, émouvant, et très joliment écrit.
La cité aux murs incertains – Haruki Murakami
C’est l’auteur japonais par excellence. Quand il sort un livre, il y a des gens qui attendent toute la nuit devant les librairies pour l’acheter au petit matin. Il a toujours un univers un peu fantastique, à la fois réel et pas réel. Ici, il y a plusieurs personnages. Il parle de la mort, de la vie après la mort, d’une femme qu’il a aimée et qu’il aurait rencontrée là-bas. Puis il revient dans le monde réel… Ce sont des allers-retours. C’est difficile à résumer, mais on se laisse porter. Il écrit très bien, et c’est très beau.
Un auteur qui vous a profondément touché ?
Je vais en donner deux : premièrement, Karine Tuil. J’aime beaucoup son style. Elle a été formée au droit, mais n’a jamais exercé comme avocate. Elle écrit de manière très précise, très documentée. Il n’y a pas de fioritures, pas de description à la Proust. Elle va droit au but, et ça me plaît ! Je déteste Proust… (rires).
Et puis Sorj Chalandon… C’est un écorché vif. Il a été journaliste, notamment à Libération, et fait passer énormément d’émotion dans ses livres.
Un artiste musical que vous aimez ?
Alain Souchon. J’aime beaucoup ses textes. Je suis allée le voir en concert, il a une présence incroyable sur scène. J’aime beaucoup son titre La vie ne vaut rien.
Quelle est votre philosophie de vie ?
Profiter du moment présent. La vie passe vite, et on ne laisse pas grand-chose derrière. Alors autant en profiter tant qu’on est là.
L’endroit idéal pour lire ?
J’adore lire sur la plage ! Dans le sable chaud, avec le bruit de la mer en fond… Trouville ou Deauville, c’est parfait.
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