C’est une avancée dans la lutte contre le trafic de drogue à Paris. La justice a ordonné une interdiction de paraître dans cinq quartiers du XVe arrondissement à un homme jugé coupable de narcotrafic dans le Sud-Ouest parisien. « Une première » dans la capitale ― comme s’en félicite le maire (LR) du XVe, Philippe Goujon ― permise par la nouvelle loi contre le narcotrafic en vigueur depuis juin.
Grâce à la loi narcotrafic promulguée en juin, nous avons obtenu – avec mon Adjoint @AnthonySamama – l’interdiction de paraître d’un narcotrafiquant dans 5 quartiers du 15e, après sa condamnation à 12 mois de prison et son expulsion de son logement social.
Une première à Paris.
— Philippe Goujon (@Philippe_Goujon) August 4, 2025
« Grâce à cette loi promulguée en juin, nous avons obtenu, avec mon adjoint Anthony Samama, l’interdiction de paraître d’un narcotrafiquant dans cinq quartiers du XVe, après sa condamnation à douze mois de prison et son expulsion de son logement social », s’est félicité ce lundi le maire d’arrondissement.
Cette mesure administrative inédite couronne « un long travail mené par la municipalité avec les forces de l’ordre et la justice », salue Anthony Samama, adjoint à la sécurité du XVe. L’individu concerné appartenait à un réseau qui générait environ 1 000 euros quotidiens et approvisionnait grâce à des mobylettes le sud-ouest de Paris, notamment Vanves, Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et le XVe arrondissement.
« L’arrêté d’interdiction de paraître concerne un périmètre plutôt large puisque l’arrêté couvre cinq quartiers du XVe », souligne Anthony Samama. Si le trafiquant brave cette interdiction, il risque six mois de prison et 3 750 euros d’amende.
Une victoire en 3 étapes
Cette décision est l’aboutissement de trois étapes successives. « D’abord, nous avons démantelé un réseau après des dizaines d’heures de travail par plus de 60 policiers qui ont effectué de la filature et de la planque. Les trois chefs de ce réseau, dont l’homme concerné, ont été condamnés par la justice », précise le maire. Le réseau sévissait plus précisément dans le quartier Necker, entre les artères de l’Amiral-Roussin et de la Croix-Nivert.
L’homme a ensuite été expulsé de son logement social, avant même que cette mesure ne soit facilitée par la loi promulguée en 2025. « Aucun trafiquant ne devrait profiter du parc social de la Ville, j’ai fait de ce combat ma priorité », affirme l’adjoint. Mais cette procédure exige « un long parcours judiciaire » via les bailleurs ― dans ce cas précis Paris Habitat ―, la préfecture de police et les tribunaux. L’élu rappelle avoir initié 35 dossiers similaires depuis 2020 et « (se) réjoui (t) » de voir le premier aboutir.
La troisième étape est donc cette interdiction de paraître, permise par la loi de juin 2025 visant à « sortir la France du piège du narcotrafic ». Cette mesure s’avérait nécessaire car, selon l’adjoint, « malgré sa condamnation, le trafiquant revenait, comme c’est souvent le cas, dans le quartier du point de deal ».
Ce nouvel outil s’inscrit dans un dispositif législatif plus large contre le narcotrafic. La loi de juin 2025 comprend plusieurs volets : interdictions de paraître, expulsions facilitées des logements, fermetures administratives des commerces liés au blanchiment, et moyens d’enquête renforcés. Le Conseil constitutionnel a validé la majorité du texte le 12 juin dernier, avec quelques articles censurés.
« D’autres arrêtés similaires devraient suivre »
Pour la mairie du XVe, cette première n’est qu’un début. « D’autres arrêtés similaires devraient suivre dans les prochaines semaines et mois », assure Anthony Samama. Cette approche répond aux nouvelles méthodes des trafiquants. « La situation est complexe car les points de deals classiques ont cédé la place au système ubershit, avec des scooters qui livrent la marchandise », ajoute l’élu.
Du côté de Beaugrenelle, Hélène, une riveraine de passage sur la dalle, est sceptique. « Je n’ai jamais été embêtée par ces problèmes de drogues, ils font leur truc dans leur coin. Je pense qu’il y a d’autres priorités… », estime la trentenaire.
Elisabetta, une habitante du quartier Balard qui emmène régulièrement sa fille jouer dans le square Jean-Cocteau, voit au contraire ce durcissement de la loi d’un bon œil. « Il y a encore quelques semaines, j’ai vu des jeunes qui faisaient des échanges juste à côté du parc à jeux, sous les yeux de nos enfants. Il faut que ça cesse », rapporte cette Italienne, pour qui cette mesure d’éloignement est cependant loin d’être suffisante : « Il n’y a pas qu’une seule personne qui deale, ça ne suffira pas », estime-t-elle.