« Merci de bien vouloir adresser votre chèque à l’ordre du Trésor public ». Cette consigne, écrite sur nos feuilles d’impôts ou encore nos amendes routières, vit-elle ses dernières années ? En tout cas, la « réflexion » est engagée, indique la Direction générale des finances publiques (DGFIP) au Télégramme, confirmant une information du journal Le Monde. Impensable il y a encore dix ans : le traditionnel carnet de chèques pourrait bientôt ne plus être accepté comme moyen de paiement par l’État.
À Rennes, la nouvelle, communiquée au personnel fin juin, a fait l’effet d’une douche froide. La capitale bretonne abrite le dernier centre public d’encaissement de France. Une cinquantaine d’agents travaillent sur le site, dont l’emplacement est tenu secret par mesure de sécurité. L’année dernière, ils ont traité 8,3 millions de chèques : impôts sur le revenu, mais aussi amendes routières ou encore paiements aux collectivités locales pour la cantine et le centre de loisirs. « Les agents rennais sont inquiets », confie Olivier Villois, de la CGT Finances Publiques. « Ils ont une réunion avec leur direction à la rentrée pour avoir des précisions sur la suite. »
Un mode de paiement en constante diminution
Pour l’heure, l’administration centrale ne donne aucun calendrier. Tout en soulignant les arguments qui plaident en faveur de cette possible disparition. En 2024, les recettes publiques recouvrées par chèques représentaient moins de 5 % des encaissements. Un chiffre en constante diminution ces dernières années, les Français préférant d’autres solutions comme le prélèvement automatique, la carte bancaire ou les virements. « En outre, le réseau de paiement de proximité, développé avec les buralistes, est largement déployé et utilisé par les usagers éloignés du numérique », assure la DGFIP.
Pas de quoi convaincre Anthéa Martinez, secrétaire départementale de la CFDT Finances publiques. « Pour moi, l’État ne peut se permettre une sortie du chèque à court terme », estime-t-elle. « On n’a pas encore développé les moyens techniques pour s’en passer totalement. » L’élue confirme qu’aucune date n’a été avancée par sa direction lors des différentes réunions auxquelles elle a assisté. Pour autant, elle reste méfiante.
50 agents à reclasser ?
Ses raisons : en 2023, la DGFIP avait décidé de fermer les centres d’encaissement de Lille et Créteil. L’activité de ces deux sites a, depuis, été confiée à une entreprise, le groupe français Tessi. Rennes subira-t-elle le même sort, avant même une hypothétique disparition de ce mode de paiement au fisc ? Selon la syndicaliste, c’est ce qui pourrait arriver dès 2027, quand l’État devra décider de renouveler – ou pas – la délégation de ce service public à un opérateur privé.
Que deviendraient alors les 50 agents rennais ? « Ce sont des vrais ouvriers, qui travaillent toute la journée sur des machines », souligne-t-elle. « Ils ne pourront pas être facilement reclassés sur des fonctions administratives. En tout cas, le danger sur ce site est réel. »