Toile sur voile de bateau recyclée, sculpture en volume, couleurs éclatantes… L’artiste bastiaise Monique Yenco-Fusella expose pour la dixième année au Spaziu Pasquale-Paoli, jusqu’au 10 août. Fidèle à la ville depuis 2015, elle y présente environ 80 toiles, fruit de plusieurs années de travail, dont certaines encore inédites.

« J’ai peint beaucoup la Balagne. Il y a ici une luminosité unique, que je ne retrouve nulle part ailleurs, même pas à Bastia », confie-t-elle. Scènes de vie, citadelles, cafés animés ou plages familiales… Monique capte le quotidien avec un style libre.

Trois œuvres ont été réalisées à partir de voile de bateau recyclée, tendue sur des cadres en inox.Trois œuvres ont été réalisées à partir de voile de bateau recyclée, tendue sur des cadres en inox. Emma-Lou Schindler

Elle peint sa ville natale, Bastia, mais aussi beaucoup d’autres régions de Corse, dont la Balagne. C’est en se promenant qu’elle observe, photographie, puis peint les ambiances à l’huile avec ses outils de prédilection. « J’utilise des outils en silicone, des spatules, des couteaux, explique l’artiste. Je peins avec le ressenti, la spontanéité, jamais à l’identique. »

Une sculpture et une voile de bateau comme tableau

Cette année, l’artiste innove grâce à une sculpture. Pour la première fois, Monique Yenco-Fusella expose une figurine féminine modelée, posée devant une toile. La sculpture reprend le motif d’une femme peinte dans l’un de ses tableaux. L’image est ainsi prolongée dans l’espace réel. « Cela faisait longtemps que je voulais faire de la sculpture, partage Monique. J’ai suivi un stage et j’ai adoré. » Le jeu de correspondance entre le volume et la toile crée un effet de miroir saisissant.

Autre marque de fabrique : la peinture sur voile de bateau recyclée. Trois œuvres ont été réalisées à partir de ce support, tendu sur des cadres en inox. Mais une seule est visible à L’Île-Rousse, les autres étant trop grandes pour la salle d’exposition. Née d’une inspiration en mer, cette série témoigne toujours de son lien fort avec l’île. « J’étais sur un catamaran quand j’ai eu cette idée, sourit-elle. J’ai mis un an à récupérer une voile et à trouver comment l’accrocher sans la déformer. »

Plus de 1 000 œuvres déjà réalisées

Depuis sa première toile à 14 ans et sa première exposition en 1992, Monique Yenco-Fusella trace son chemin sans écouter les remarques. « On m’a dit qu’une femme peintre est moins bien perçue, souffle-t-elle. Je réponds par le travail. » Avec plus de 1 000 œuvres réalisées, 100 expositions et une cotation chez Drouot et Akoun, l’artiste n’a jamais cessé de créer.

Chaque jour, près de 100 visiteurs s’attardent devant ses œuvres à L’Île-Rousse. « Ce que je préfère, c’est la rencontre avec le public, affirme l’artiste aux tableaux variés. Ce qu’ils me disent me nourrit. » Cette année, elle publie aussi un livre rétrospectif accompagné de textes de son ancien professeur d’art, José Tomasi.