Chaque année, des médicaments largement prescrits se retrouvent sur la sellette. En 2025, la revue Prescrire alerte à nouveau : 88 traitements commercialisés en France présentent un rapport bénéfice-risques défavorable.
Ils sont pris au quotidien, parfois sans ordonnance, souvent sans méfiance. Pourtant, ces médicaments sont désormais classés parmi les plus risqués à utiliser. La revue Prescrire, indépendante et sans financement de l’industrie pharmaceutique, vient de publier sa treizième liste noire. Pour 2025, elle alerte sur 106 traitements à écarter. Dont 88 encore disponibles en pharmacie ou prescrits dans l’Hexagone. Leurs effets indésirables, parfois graves, l’emportent sur leurs bénéfices attendus, selon une analyse rigoureuse menée sur plus d’une décennie.
Ces substances concernent des millions de patients, car elles sont utilisées contre des pathologies très fréquentes comme le diabète, les douleurs articulaires, la toux, la dépression ou encore les troubles digestifs. Prescrire appelle à un usage plus prudent, en privilégiant des alternatives jugées plus sûres et tout aussi efficaces.
Médicaments à éviter : les principales molécules visées en 2025
Cette nouvelle édition, d’ailleurs relayée dans les médias, notamment par Le Journal des Femmes, recense des médicaments couvrant l’ensemble des spécialités : cardiologie, neurologie, gastro-entérologie, dermatologie, gynécologie, psychiatrie, etc. Dans beaucoup de cas, les risques d’effets indésirables sont jugés trop importants au regard de leur efficacité clinique. « les effets indésirables auxquels ils exposent, sont soit disproportionnés par rapport à leur faible efficacité, soit parce que d’autres options moins dangereuses existent », indique la revue Prescrire.
Voici quelques exemples notables dans la liste 2025 :
- Rhume, toux et maux de gorge : les décongestionnants (éphédrine, pseudoéphédrine…), l’ambroxol (Muxol), l’oxomémazine (Toplexil), ou encore l’alpha-amylase (Maxilase).
- Antidouleurs et anti-inflammatoires : diclofénac (Voltarène), acéclofénac (Cartrex), kétoprofène en gel (Ketum), célécoxib (Celebrex), méloxicam (Mobic).
- Diabète et perte de poids : sitagliptine (Januvia), vildagliptine (Galvus), alogliptine (Vipidia), orlistat (Xenical).
- Psychotropes : duloxétine (Cymbalta), escitalopram (Seroplex), citalopram (Seropram), étifoxine (Stresam), bupropione (Zyban).
La bupropione, souvent prescrite pour aider au sevrage tabagique, est notamment ciblée par Prescrire, car « il n’est pas plus efficace que la nicotine (patch, ndlr) et expose à des troubles neuropsychiques ».
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Le cas du Spasfon, toujours aussi controversé
Parmi les nouveaux venus dans cette liste noire, se trouve un médicament emblématique en France : le phloroglucinol, molécule active du Spasfon, massivement utilisé pour soulager les douleurs intestinales ou menstruelles. Bien qu’il semble des fois efficace, Les experts de Prescrire rappellent que « Son efficacité symptomatique sur les troubles intestinaux bénins récurrents est incertaine. Dans les autres situations cliniques, il n’y a rien à attendre au-delà de l’efficacité d’un placebo. Chez les femmes enceintes ou qui pourraient le devenir, il est à écarter (…). II est prudent de déconseiller sa prise en automédication, banalisée en France ».
Le message de la revue est clair : les médicaments ne sont pas des produits anodins. Une prescription ne garantit pas leur innocuité, et certains traitements réputés sûrs peuvent exposer à des effets graves, comme des hospitalisations ou des décès.