Avec le taux de chômage le plus bas en France (5,9 %), la Bretagne a terminé le dernier trimestre 2024 en pole position des régions françaises, malgré trois indicateurs au rouge : le repli de l’emploi salarié (- 0,2 % soit 2 800 emplois en moins), la hausse des demandeurs d’emploi ( + 1,4 %) et celle des défaillances d’entreprises (+ 16,1 % ) comparable à celle observée en France (+ 17,4 %).

L’économie bretonne résistera-t-elle aussi bien en 2025 ? Les derniers chiffres publiés par Tendance Emploi Bretagne, l’outil de veille de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Bretagne, et ceux de l’expert de la donnée d’entreprises Altares sont en demi-teinte. Au premier trimestre 2025, la Bretagne recense encore 703 défaillances d’entreprises selon Altares. Elles ont augmenté de 7,7 % par rapport au premier trimestre 2024. Avec un taux de liquidations judiciaires de 64,2 %, proche des 69,5 % de moyenne nationale, la région est loin d’être dans le tiercé gagnant des territoires (Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur) où les défaillances d’entreprises ont diminué en ce début d’année.

« Le dynamisme de la filière énergie »

Côté emploi, la CCI Bretagne estime que les intentions de recrutement des entreprises bretonnes ont baissé au cours du premier trimestre 2025. Elle recense un peu plus de 5 000 offres, un « volume inférieur à ceux enregistrés sur la même période, en 2024 (8 632 offres) et en 2023 (11 023 offres) ».

Les filières des services et de l’industrie sont à la peine. Dans la première, les offres de recrutement diminuent de 23 %. La deuxième en perd plus de la moitié par rapport à la même période en 2024. Et ce, malgré trois secteurs créateurs d’emplois : la mécanique (le projet de nouvelle fonderie de Safran, à Rennes (Ille-et-Vilaine) et le groupe automobile Stellantis qui recrute 250 intérimaires à Rennes), l’industrie agroalimentaire et l’électricité électronique (plus de 500 projets de recrutement chacune).

Lire aussi : « La région continue de bien résister » : la Bretagne, championne de la création d’emplois salariés

La transition énergétique est le turbo de la création d’emplois en ce début d’année. Le secteur concentre 20 % des projets de recrutement, avec EDF (qui a annoncé recruter 300 personnes), les batteries électriques de Blue Solutions près de Quimper (Finistère) (250 emplois annoncés) et le développement du fabricant de générateurs Sweetch Energy, près de Rennes (185). Ce n’est pas un hasard si Jean-Pierre Rivery, président de la CCI Bretagne, salue « le dynamisme de la filière énergie » et confirme « l’objectif d’accélérer la décarbonation des entreprises et par là même, soutenir le développement économique local et donc l’emploi ».

« Un regain d’optimisme » chez les artisans du bâtiment

Même constat dans l’artisanat du bâtiment, où le syndicat patronal Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb Bretagne) note un « regain d’optimisme » des patrons.

En ce début d’année, 63 % de ses adhérents (contre 57 % fin 2024) jugent l’activité favorable ou très favorable, malgré des entreprises confrontées à des difficultés de trésorerie toujours plus nombreuses ( + 2 %, soit 19 %). « Il y a eu une vague de défaillances qui a touché tous les secteurs, mais il n’y a pas eu de catastrophe, note le secrétaire général de la Capeb, Julien Zapatta. L’activité était en baisse depuis un an. On craignait la même chose début 2025, mais l’on s’est rendu compte qu’elle repart à la hausse. Le marché de la rénovation, dont la rénovation énergétique, est une source de travail pour les entreprises. »

Un indicateur indiscutable : les délais des carnets de commandes s’allongent à nouveau. « Ils sont passés de trois mois et demi à quatre mois et demi. »