La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, est confrontée à un « trilemme impossible » entre fortes hausses d’impôts, coupes budgétaires ou modification des règles fiscales qu’elle juge pourtant non négociables. C’est la conclusion d’un rapport publié mercredi par un important think tank, le National Institute of Economic and Social Research (NIESR).

Selon le NIESR, Reeves devrait dépasser de 41 milliards de livres sterling (soit 54 milliards de dollars) son objectif de couvrir les dépenses courantes par les recettes fiscales d’ici la fin de la décennie. Ce dépassement est attendu plus tard cette année.

Si la ministre souhaite également reconstituer la marge de sécurité budgétaire précédente de 9,9 milliards de livres, elle pourrait devoir trouver plus de 50 milliards de livres d’économies ou de recettes supplémentaires lors de la présentation du budget annuel, prévue cet automne, estime le think tank.

Rachel Reeves et le Premier ministre Keir Starmer peinent à répondre à la hausse des demandes de dépenses publiques, alors que les finances de l’État sont déjà sous tension et que la croissance économique britannique stagne.

L’an dernier, Reeves avait relevé les impôts de 40 milliards de livres, une mesure qu’elle a exclu de renouveler.

Le NIESR a légèrement relevé sa prévision de croissance économique pour le Royaume-Uni cette année à 1,3 % (contre 1,2 % en mai). Mais il a abaissé ses perspectives pour toutes les années suivantes jusqu’en 2030, notamment en raison de l’impact des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump sur l’économie mondiale.

Ces prévisions sont nettement moins optimistes que celles du Bureau de la responsabilité budgétaire (OBR), dont les projections servent de base aux plans fiscaux et budgétaires du gouvernement. Par exemple, le NIESR anticipe une croissance de 1 % en 2028, contre 1,7 % pour l’OBR.

Selon des économistes de plusieurs banques, Reeves devrait faire face à un déficit d’environ 20 milliards de livres lorsque l’OBR publiera ses prochaines prévisions en même temps que la déclaration budgétaire, probablement en octobre ou novembre. Une grande partie de ce manque à gagner provient des revirements du gouvernement concernant les coupes dans les aides sociales pour les malades de longue durée et les subventions au carburant pour les retraités.

Stephen Millard, directeur adjoint du NIESR en charge de la macroéconomie, explique que l’écart entre ces prévisions et l’estimation de 41 milliards de livres du NIESR s’explique principalement par des projections de croissance économique plus faibles du think tank.

En mai, le NIESR prévoyait un déficit encore plus important de 57 milliards de livres par rapport à l’objectif d’équilibre budgétaire. Millard indique que la réduction de ce chiffre s’explique par de meilleures données sur les recettes publiques.

Le think tank anticipe une inflation britannique moyenne de 3,3 % en 2025, avant de retomber à 2,8 % puis 2,2 % au cours des deux années suivantes. Il s’attend à ce que la Banque d’Angleterre abaisse ses taux d’intérêt jeudi puis en novembre, et prévoit une nouvelle baisse dès début 2026.

Le NIESR estime que le niveau de vie devrait légèrement augmenter pour la plupart des ménages au cours de l’exercice fiscal 2025/26, mais qu’il baissera pour les 10 % les plus pauvres, plus durement touchés par la hausse des loyers, des prix alimentaires et énergétiques, ainsi que par le gel du seuil d’imposition sur le revenu.

(1 dollar = 0,7535 livre sterling)