Installé à Saint-Georges, dernier village avant l’embouchure du Danube, le couple Saint-Maximinois prend un instant pour souffler.

Pauline Labrot et Thomas Bousquet, partis fin mars pour une expédition sur le Danube, entament la dernière phase de leur périple.

« On a vu la mer Noire pour la première fois. C’est effrayant et excitant à la fois. » Effrayant, car cette mer est instable et redoutée des marins: « Cette semaine, il y a eu quatre morts. On nous demande souvent si c’est raisonnable de la traverser avec notre bateau. »

Mais avant de hisser les voiles vers la Méditerranée, c’est le moment du bilan. L’expédition fluviale est un succès: 2.080 kilomètres parcourus depuis Linz, en Autriche, jusqu’au delta.

« Je suis la première femme du XXIe siècle à avoir descendu le Danube en voilier », souligne Pauline avec émotion.

Naviguer dans les canaux étroits du delta, entre les bras du fleuve, les roseaux et les chevaux sauvages a marqué l’équipage. « C’était incroyable de bouger comme un escargot avec sa maison sur le dos. »

Les prélèvements de microplastiques – car c’était bien là l’objectif – se sont poursuivis jusqu’à la fin, même si la réalité du terrain a imposé quelques ajustements. « On est un peu utopistes avant de partir. Mais ce qu’on a pu collecter est cohérent avec nos attentes. »

Le traitement et l’analyse de ces données se feront au retour, tout comme le montage du documentaire.

Une dernière ligne droite… pleine de risques

« On est un peu en deuil de cette navigation fluviale. » En quittant le Danube, c’est une phase plus technique et sereine qui s’achève. Place maintenant à l’inconnu, sur une mer instable, immense et bleue à perte de vue.

« Ce qui arrive n’aura plus rien à voir. On risque désormais notre vie, pas seulement celle du bateau. »

Cap sur Constanța, puis Istanbul pour les réparations, avec des arrêts envisagés dans des zones humides en Grèce et en Italie.

L’objectif reste le même: documenter, comprendre, sensibiliser.

Le retour est prévu entre Nice et Marseille à la mi-octobre. Mais l’expédition ne s’arrête pas là. « Je vais écrire deux livres, un sur la descente du Danube, l’autre sur la traversée maritime, toujours avec ce regard de naturaliste. »

Le documentaire, les conférences et les rencontres suivront. Et peut-être, une nouvelle expédition autour des milieux humides européens. « J’ai adoré cette exploration. On peut explorer près de chez soi. La preuve, on l’a fait. »

Ce que Pauline retient? « Il faut aujourd’hui se cacher pour observer le vivant. Il est merveilleux, mais menacé. »