Le nombre de malades dans le monde pourrait être multiplié par deux d’ici à 2050. En France, 1 personne sur 50 sera touchée par cette pathologie neurodégénérative.
Avec 270 000 personnes malades en France, et 27 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, Parkinson est, après Alzheimer, la maladie neurodégénérative qui progresse le plus rapidement. Et c’est la même déferlante partout dans le monde. L’association France Parkinson tire la sonnette d’alarme, les pouvoirs publics hexagonaux ne semblant pas prendre la mesure de l’enjeu, contrairement à d’autres pays. Bonne nouvelle malgré tout : la recherche pour lutter contre la maladie est très active.
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Une maladie qui détruit différentes populations de neurones
Le processus dégénératif atteint surtout les neurones produisant la dopamine, un messager chimique impliqué dans le contrôle des mouvements. D’où la lenteur des gestes, la rigidité, les tremblements. « Néanmoins, d’autres populations de neurones sont aussi touchées, ce qui explique la grande diversité des symptômes », explique le Pr David Grabli, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Plus d’une soixantaine sont en effet décrits, parmi lesquels des troubles cognitifs (difficultés de concentration, lenteur pour réfléchir, etc.), psychiatriques (anxiété, dépression), intestinaux (constipation). L’évolution de la maladie est lente. Elle peut rester silencieuse durant des années ou se manifester par des symptômes annonciateurs, tels que la perte d’odorat ou des rêves vécus physiquement, très agités. Mais lorsque les troubles moteurs surviennent, hélas, 60 % à 80 % des neurones dopaminergiques ont déjà disparu.
Le vieillissement de la population n’est pas seul en cause
S’il est le principal facteur à l’origine de l’augmentation des cas de la maladie, des causes environnementales sont aussi pointées du doigt. « Des antécédents répétés de traumas crâniens ou l’exposition continue aux pesticides, notamment, peuvent se révéler toxiques pour le cerveau et favoriser la dégénérescence neuronale », indique le Pr Grabli. Les agriculteurs sont directement concernés par cette exposition aux agents phytosanitaires, ainsi que les personnes habitant dans des zones d’épandage. Certains produits ont fait l’objet d’une restriction d’usage. Mais, en 2023, l’Union européenne a prolongé de dix ans l’autorisation d’utilisation du glyphosate, malgré sa forte toxicité et le rôle qu’il semble jouer dans l’apparition de la maladie de Parkinson. Quatre associations ont déposé un recours devant la justice européenne pour contester cette décision.
Un sursaut politique très attendu
Depuis la fin de l’année 2019, échéance du dernier plan maladies neurodégénératives, la France n’a plus de politique de santé publique relative à ces pathologies, qui entraînent pourtant une forte diminution de l’espérance de vie en bonne santé. France Parkinson réclame notamment que les malades bénéficient, en complément du suivi par le neurologue, de l’accompagnement d’un professionnel infirmier ayant un profil de référent sur Parkinson, d’une éducation thérapeutique systématisée et d’un guide de parcours de soins de la Haute Autorité de santé « Maladie de Parkinson » dûment réactualisé.
La recherche sur tous les fronts
Les traitements actuels ne guérissent pas la maladie et ne savent pas la ralentir. Ils reposent principalement sur la délivrance de dopamine pour soulager les symptômes. Les médicaments sont pris par la bouche puis, lorsque le contrôle des symptômes devient insuffisant, des dispositifs permettent leur administration en continu par voie sous-cutanée ou intradigestive. Une activité physique soutenue pour son possible effet protecteur sur les neurones est prescrite en sus. Demain, les malades pourraient bénéficier d’une perfusion intracérébrale. Un espoir toutefois : une étude récente suggère qu’un antidiabétique de la famille des analogues du GLP-1 pourrait freiner la perte des neurones.