Par

Julie Bossart

Publié le

6 août 2025 à 6h04

Ils se sont pris une châtaigne. Début juillet 2025, une dizaine d’établissements commerciaux situés à Paris, principalement des franchises du secteur de la restauration, ont été la cible d’une opération coup de poing d’Enedis Île-de-France, a appris actu. Orchestrée par les équipes locales du gestionnaire du réseau d’électricité, les forces de l’ordre et les fournisseurs d’électricité, elle a été menée en simultané dès l’ouverture des sociétés suspectées de fraude au compteur électrique.

Environ 50 000 cas en Île-de-France

« La lutte contre la fraude n’est pas récente, reconnaît Enedis, mais elle s’inscrit désormais dans un plan national [déployé en 2024], qui concerne autant les particuliers que les professionnels. » L’enjeu : réduire les volumes d’électricité soustraits illégalement ainsi que le préjudice économique enregistré par Enedis. Chaque année, ce sont en effet « plus d’1,5 TWh d’électricité qui sont volés, ce qui équivaut à plusieurs centaines de millions d’euros », précise le gestionnaire. Et, sur plus de 100 000 cas de fraude détectés à l’échelle nationale, environ la moitié concerne l’Île-de-France.

Au-delà des chiffres, Enedis tient à rappeler que « la fraude au compteur est extrêmement dangereuse ». Lors des contrôles menés à Paris début juillet, les techniciens ont constaté « des dérivations illégales sur les installations électriques, destinées à contourner le compteur de manière à ce qu’il ne puisse plus détecter tout ou partie de la consommation des appareils électriques. Les principaux dangers sont le départ de feu et l’électrisation. »

L’aide des nouvelles technologies

Mais comment les services d’Enedis se sont-ils rendu compte de ces pratiques illégales et dangereuses ? Non pas à l’ancienne sur dénonciation, mais grâce à l’utilisation des nouvelles technologies, à l’image du très décrié compteur Linky. Départs d’incendie, problèmes de santé liés à son utilisation… Si le boîtier vert pomme fait toujours l’objet d’une forte méfiance et opposition – 2,1 millions de ménages refusent son installation, s’exposant désormais à une amende -, il demeure « d’une grande efficacité pour la détection des actes frauduleux », insiste Enedis. Mais aussi pour déterminer la sanction qui en découle.

Les restaurateurs épinglés à Paris ont en effet reçu « un document officiel précisant le volume d’électricité volé et le montant à régulariser. Ils feront aussi l’objet d’une plainte collective transmise au procureur de la République. Enedis se portera systématiquement partie civile dans ses procédures », prévient le gestionnaire. La fraude au compteur électrique est passible de 75 000 euros d’amende pour vol d’énergie et jusqu’à 375 000 euros pour escroquerie – des montants qui peuvent être quintuplés pour les personnes morales. Ces délits peuvent également être punis de peine allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

Nécessitant d’importants moyens en matière de préparation et d’effectifs, ces opérations coups de poing d’Enedis ne se répéteront pas, dans l’immédiat, finit par ajouter Enedis. À l’heure actuelle, 250 collaborateurs sont mobilisés sur ces enjeux dans toute la France, mais les moyens humains et financiers mis en œuvre seront progressivement doublés d’ici à 2026.

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