Écouter le bruit de Nantes juché sur un vélo ? Soyons francs. On redoutait que nos pauvres oreilles ne crient grâce. On s’est lancé un 1er août, prêt à décamper en cas de pic acoustique. Nul besoin, finalement. Sans doute parce qu’en cette période estivale, la ville est plus calme. Récit.
Lorsqu’on pédale quai François-Mitterrand, la première chose qui nous frappe, c’est le bruit continu émis par la ville ; un fracas plus ou moins dense, où les bruits de moteur de voiture se télescopent avec les vrombissements de scooters. Sur le pont Haudaudine, où grouillent des deux-roues pétaradant, le son monte d’un cran. Sirène actionnée, une ambulance s’approche du CHU tout proche. Gros stress pour les tympans. Pas comparable toutefois avec le chook chook des pales de l’hélicoptère du Samu décollant ou se posant sur la plateforme de l’hôpital ; un bourdonnement XXL.
Quai de la Fosse, dominé par le bruit des voitures, un ding ding vigoureux retentit : c’est le tramway qui chasse des passants sur les rails. Les rails, parlons-en. Lorsqu’un tram déboule ou repart, un bouquet de sons s’invite en même temps. Glissements, crissements, couinements… Oreilles sensibles s’abstenir. En passant près du pont Anne-de-Bretagne, en travaux, on s’attend à souffrir. Finalement, non. Est-ce la pause du midi ? Le chantier s’est tu.
Glougloutement
Suivons à présent la piste cyclable qui borde la Loire. C’est fou comme le bruit de la ville s’est adouci. Doux est le cliquetis des mâts des voiliers amarrés en contrebas. Au loin fuse un son de trompette. C’est l’Éléphant des Machines de l’île qui s’amuse à barrir. Demi-tour sous les cris des goélands : on file à Graslin. Sur la place, le bruit des moteurs s’est envolé, remplacé par le brouhaha des badauds et le glougloutement de la fontaine. Boulevard Guist’hau et rue du Calvaire, les bus qui s’enchaînent émettent un mugissement impressionnant. Rue Marceau, le véhicule électrique qui nous talonne a un son mat et vibrant : ça change du diesel.
Klaxon et cris d’enfants
Pour une fois, la place Bretagne est bien calme. Pas comme la petite rue des Deux-Ponts toute proche. Avec ses terrasses bondées, elle affiche un volume sonore élevé. La musique pop qui s’échappe d’une enceinte est la note en trop : insupportable.
Traversons le cours des Cinquante-Otages. Tramway, autobus, voitures, vélos, passants… Le cocktail sonore est intense, scandé par des coups de klaxon et les cris des enfants. Pensant trouver du répit pour nos tympans, on fonce rue de la Paix. Mais les éclats de voix d’un groupe de touristes nous rattrapent. Presque irréels, des sons cristallins s’élèvent dans les airs. C’est l’église Sainte-Croix qui sonne le quart d’heure. Pour nos oreilles, le bonheur.