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Publié le 05/08/2025 23:07

Mis à jour le 05/08/2025 23:07

Temps de lecture : 3min – vidéo : 3min

"J'ai été projetée par le souffle" : 80 ans après, les rescapés d'Hiroshima se souviennent et demandent la fin de l'armement nucléaire

« J’ai été projetée par le souffle » : 80 ans après, les rescapés d’Hiroshima se souviennent et demandent la fin de l’armement nucléaire
(France 2)

3min

Demain, mercredi 6 août, marquera les 80 ans de la tragédie d’Hiroshima. Le 6 août 1945, l’armée américaine larguait la première bombe atomique de l’histoire, faisant 140 000 morts et signant, quelques jours plus tard, la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans cette ville martyre, les équipes de France Télévisions ont pu recueillir le témoignage de rescapés qui appellent à l’abandon de l’arme nucléaire.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Toshiko Tanaka, 86 ans, se déplace avec difficulté, mais elle tient à nous conduire là où sa vie a basculé, à Hiroshima. « C’était ici, sur ce trottoir. Je m’en souviens très bien. J’étais assise par terre, je faisais un dessin », raconte-t-elle. Le 6 août 1945, à 8h15, elle avait 6 ans. « J’ai vu deux avions dans le ciel et puis il y a eu un éclair. Tout est devenu tout blanc. Puis on ne pouvait plus rien voir. J’ai été projetée par le souffle », poursuit la Japonaise.

La première bombe atomique de l’histoire, larguée par un avion américain, vient de frapper Hiroshima. Elle va faire 140 000 morts. Toshiko Tanaka doit sa vie sauve à un hasard extraordinaire. Sa famille venait de déménager et se situait à plusieurs kilomètres du lieu de l’explosion. Ses camarades de classe n’ont pas eu cette chance. « Là, c’est moi et tout autour, les élèves de mon école. Ils sont tous morts. Je pense que c’est mon devoir, encore aujourd’hui, de témoigner de cette catastrophe », explique-t-elle en nous montrant un cliché.

Plus jamais ça. Hiroshima, ville martyre, est devenue une étape du tourisme mémoriel. Mais 80 ans après, le risque de nouveaux conflits est dans toutes les têtes. « L’arsenal nucléaire est un phénomène global. On est tous impliqués, qu’on le veuille ou non », souligne un touriste en visite dans la ville. « Personnellement, j’ai peur qu’une nouvelle catastrophe arrive en Occident », ajoute un autre.

Les derniers témoins de l’apocalypse d’Hiroshima en ont fait leur combat. Comme Toshiyuki Mimaki, 83 ans, qui a obtenu le prestigieux Prix Nobel de la paix 2024. Un engagement contre les armes nucléaires, et chez lui, à Hiroshima, un avertissement. « Les armes nucléaires sont bien plus puissantes aujourd’hui. En cas d’explosion, les dégâts ne seraient pas limités à une ville, mais à tout un pays, voire aux pays voisins », pointe Toshiyuki Mimaki, coprésident Nihan Hidankyo. Survivant irradié, il avait trois ans en 1945. Toute sa vie a été hantée par l’explosion. « Quand j’étais petit et que je jouais dehors, j’entendais les adultes dire à leurs enfants : ne t’approche pas de lui, il est contaminé, c’est contagieux, tu vas l’attraper toi aussi », se souvient-il.

Il ne cesse de le répéter, bientôt, il ne sera plus là. Dans son jardin repose une partie de sa famille, ses parents, sa femme et l’un de ses fils. Tous victimes de cancer, conséquences probables des radiations. Le Japon compte 99 000 survivants d’Hiroshima. Ils sont âgés de plus de 80 ans.