En voyage, il est tentant de goûter aux spécialités locales. Mais en Thaïlande, dans la province d’Isaan au nord-est du pays, un plat pourtant délicieux fait chaque année des ravages : le Koi pla. Cette salade de poisson cru haché, agrémentée d’herbes, d’épices et de citron vert, est prisée des habitants comme des touristes. Bon marché, parfumée et colorée, elle ne laisse rien deviner de sa dangerosité. Pourtant, elle est à l’origine d’un lourd tribut sanitaire d’environ 20 000 décès par an. Le coupable n’est pas le poisson lui-même, mais un ver plat microscopique, la douve du foie. Présent dans les poissons d’eau douce de la région du Mékong, ce parasite s’infiltre dans les voies biliaires et peut provoquer, à long terme, un cancer du foie particulièrement agressif appelé cholangiocarcinome. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recense deux espèces en cause : Fasciola hepatica et Fasciola gigantica.
Une maladie qui se déclare trop tard
Le drame du cholangiocarcinome, c’est qu’il évolue en silence. Les symptômes (jaunisse, démangeaisons, douleurs abdominales) apparaissent souvent des années après l’infection, lorsque la maladie est déjà avancée. Sans chirurgie, le taux de survie est parmi les plus faibles de tous les cancers. Et dans la province d’Isaan, l’incidence est la plus élevée au monde. Pour compliquer la situation, beaucoup d’habitants restent attachés à cette tradition culinaire et continuent (…)
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