Des secteurs clés de l’industrie dépendent fortement d’un approvisionnement fiable en produits chimiques « de base », majoritairement importés depuis l’extérieur de l’UE. Dans le cadre de sa stratégie de relance industrielle et pour renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement, la Commission européenne a annoncé, courant juillet, le lancement d’une initiative stratégique afin de soutenir la production de produits chimiques essentiels.

Ces deux dernières années, plus de 20 sites de production chimique européens ont fermé leurs portes à cause de la hausse du prix du gaz (toujours 4 ou 5 fois plus cher qu’aux États-Unis), du climat de guerre commerciale et suite aux conséquences des multiples perturbations mondiales.

Au-delà des conséquences désastreuses sur l’emploi, ces fermetures de sites amputent aussi l’UE de plus de 11 millions de tonnes de capacités de production. En janvier 2025, le Conseil Européen de l’Industrie Chimique (CEFIC) alertait ainsi sur l’urgence, pour l’UE, d’amorcer un changement de politique industrielle afin « de réduire les coûts de l’énergie, de garantir l’accès aux matières premières essentielles et de favoriser l’innovation ». Car un effondrement du secteur chimique européen, qui représente 500 milliards de CA annuel et 1,2 million d’emplois, entraînerait avec lui des pans entiers de l’industrie : santé, énergies renouvelables, ou encore l’automobile, qui est déjà en souffrance.

Sécuriser l’approvisionnement en méthanol, ammoniac et éthylène

Avec la création prochaine de The Critical Chemical Alliance, les autorités européennes semblent avoir entendu, au moins partiellement, l’appel du CEFIC.

Cette initiative s’inscrit dans une démarche visant à renforcer la résilience industrielle et à retrouver la souveraineté dans des secteurs manufacturiers clés. Elle réunira les États membres de l’UE, la Commission et les acteurs industriels, dans le but de soutenir la production de produits chimiques essentiels.

Parmi ces produits chimiques « de base », on peut citer le méthanol, actuellement importé à 80 %, ou encore l’ammoniac, mais aussi l’éthylène, des substances qui entrent dans les processus de fabrication de nombreux matériaux synthétiques, notamment des plastiques, mais aussi de solvants.

Bien qu’on en sache encore assez peu, les principales tâches de l’Alliance consisteront à :

  • identifier et soutenir les installations de production essentielles ;
  • promouvoir la protection commerciale et la concurrence loyale ;
  • fixer des priorités d’investissement ;
  • coordonner les projets européens et nationaux, y compris les « projets importants d’intérêt européen commun » (IPCEI).

Par ailleurs, le suivi des importations de produits chimiques sera assuré par une Task Force de surveillance des importations qui vient d’être créée par la Commission.

Une Alliance qui s’inscrit dans un cadre d’action plus large

Cette Alliance, ainsi que la Task Force, ne sont pas les seules actions engagées par la Commission, puisqu’elles font partie d’un Plan d’action plus global visant à renforcer la compétitivité et à moderniser le secteur chimique européen.

Ce Plan d’action stratégique, très attendu par l’industrie chimique, mettra ainsi l’accent sur le soutien à la transition énergétique et à la décarbonation, mais aussi sur la simplification du cadre réglementaire, tout en garantissant un niveau élevé de sécurité des produits chimiques et de leurs mélanges pour les consommateurs sur le marché de l’UE.