Leader du championnat après le GP d’Espagne, Álex Márquez s’est fait reprendre par son frère au Mans et son retard n’a cessé de croître depuis. De 22 points en quittant la Sarthe, il est passé à 120 points à la veille des vacances d’été. Cela signifie que, quoi qu’il arrive, Marc Márquez est tranquille pendant au moins trois Grands Prix : même s’il devait enregistrer trois scores vierges, il ne serait pas délogé des commandes du classement général.
Mais qu’en est-il de la situation du pilote Gresini Racing, si brillant en début de saison et à présent distancé ? Álex Márquez écarte l’idée selon laquelle il traverserait une véritable crise. Pour lui, la lutte face à son frère pour la conquête du titre n’est que fictive, tant le #93 paraît cette année inarrêtable.
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S’il se concentre sur sa situation personnelle, Álex Márquez peut se réjouir de réaliser sa meilleure saison depuis qu’il a rejoint la catégorie MotoGP, en 2020. La meilleure aussi, donc, depuis que son aîné a plongé dans une longue parenthèse émaillée de blessures, d’opérations et d’une remontée progressive vers le sommet, et c’est précisément maintenant que l’on a retrouvé un Marc Márquez pleinement conquérant qu’Álex brille plus que jamais.
Après de premières années compliquées sur la Honda, officielle puis satellite, le cadet des deux frères a donné un nouvel élan à sa carrière en rejoignant le groupe Ducati en 2023. De 50 points empochés en 2022 (avant l’introduction des courses sprints), il est passé à 177 points en 2023 et a fait son entrée dans le top 10 du championnat. S’il a pris légèrement moins de points lorsque Marc Márquez l’a rejoint chez Gresini en 2024 (173), il a malgré tout amélioré sa position finale pour figurer au huitième rang de cette saison très riche.
Mais c’est cette année qu’Álex Márquez s’est véritablement révélé. Lors des trois premières manches, il s’est classé deuxième du sprint et de la course dominicale, résistant mieux que personne au #93. Avec la chute de celui-ci à Austin, c’est Álex qui figurait en tête du championnat en arrivant à Losail, où il a cependant, et pour la première fois de l’année, enregistré un résultat plus faible en course. L’obtention de sa première victoire au GP d’Espagne l’a toutefois ramené au premier rang du classement général pour un petit point, et ce alors qu’il a continué à figurer en deuxième position au sprint.
Pour certains, Álex Márquez était dès lors un candidat légitime au titre, et ce d’autant plus que Pecco Bagnaia n’avait pas encore réussi à trouver ses marques avec la version 2025 de la Ducati. Mais la prudence restait néanmoins de mise face à la longueur de cette saison – la plus intense que l’on ait jamais connue avec ses 22 Grands Prix. Pour jouer le titre, encore fallait-il maintenir ce rythme tout au long de l’année.
Álex Márquez a passé le cap des 100 Grands Prix MotoGP et gagné cette année, le samedi comme le dimanche.
Photo de : Alexander Trienitz
Sa performance à Jerez lui a permis de marquer 34 des 37 points en jeu ce week-end-là. Le reste du temps, il est arrivé à cinq reprises qu’il empoche 29 points, ne connaissant que de rares faux-pas jusqu’au GP d’Italie. Il y eut sa sixième place à Losail après un contact coûteux en course, sa chute sous la pluie du Mans et sa cinquième place à Silverstone après un mauvais choix de pneu – rien de très alarmant, donc. Au cours de ces neuf premières épreuves, Álex Márquez a marqué 230 points, soit 69% des 333 points disponibles.
Une mauvaise passe depuis Assen
Mais depuis la fin du mois de juin, le pilote Gresini a quelque peu perdu le fil. Le samedi du GP des Pays-Bas, on l’a encore vu mettre la main sur les neuf points de la deuxième place, presque une habitude pour lui. En revanche, le dimanche, alors qu’il tentait un dépassement prématuré sur Pedro Acosta, il est tombé et s’est fracturé un doigt de la main gauche. C’était son deuxième score vierge de la saison en course.
Il a remarquablement bien réagi en Allemagne, à peine sorti de la salle d’opération, car s’il n’a pris que deux points le samedi, il a encore terminé deuxième le dimanche et a donc largement sauvé son week-end – derrière son frère, toujours.
Une semaine plus tard, toutefois, à Brno, Álex Márquez commis une nouvelle erreur par excès de zèle, faisant même chuter Joan Mir au passage lors de la course principale. La veille, au sprint, c’est un départ complètement manqué qui l’avait mis hors-jeu. Il est donc parti en vacances en sachant qu’il devra s’acquitter d’une pénalité long-lap lors de la course autrichienne, au retour de la pause, et il a surtout encaissé en République tchèque un zéro pointé qui détonne dans son championnat. C’était la fin d’une série de 16 Grands Prix consécutifs lui ayant rapporté des points.
« Il faut apprendre de nos erreurs et en tirer les leçons pour ne pas les répéter », analysait le pilote Gresini avant de quitter Brno. Hors de question toutefois d’admettre qu’il traverse une crise. « Il faut se concentrer sur les points positifs. On a fait 12 Grands Prix, il en reste dix et je suis deuxième au championnat. Personne ne peut nous enlever ça. »
Sa chute à Assen a marqué une cassure dans la saison d’Álex Márquez.
Photo de : Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
« Je me donnerais 8,5 », a-t-il répondu lorsqu’il lui a été demandé quelle note il s’attribuerait pour la première partie de la saison. « Mis à part l’erreur d’aujourd’hui et celle d’Austin, pour le reste on a fait une très bonne saison. Tout n’est pas à jeter, il faut voir les points positifs. Les erreurs que j’ai faites seront de l’expérience pour l’avenir. La vitesse qu’on a est incroyable, donc il faut continuer comme ça, que je me remette et que je fasse un bon retour après [la pause] estivale. »
Il n’en demeure pas moins qu’après avoir marqué 69% des points en jeu jusqu’au GP d’Italie, il n’en a pris que 27,9% au cours des trois Grands Prix suivant, à savoir seulement 31 points sur les 111 possibles. Pendant ce temps, Marc Márquez s’est révélé imbattable : il est sur une série de cinq Grands Prix consécutifs lui ayant rapporté 37 points, et ce avec une certaine facilité.
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Un retard insurmontable avec le leader ?
Les conséquences sont nettes. Après le Mugello, Álex Márquez pointait à 40 unités de son frère au classement général ; trois Grands Prix plus tard, l’écart est passé à 120 points. Un gouffre déjà presque insurmontable bien qu’il reste 370 points à distribuer.
« Avec 120 [points de retard], je pense que c’est impossible. Tant que ça n’est pas fait, tout reste possible, mais bon », a-t-il admis lui-même avant de quitter Brno. « À moins d’un événement très bizarre, il est pratiquement impossible de combler cet écart. »
Pour autant, Álex Márquez considère que la lutte pour la deuxième place dans laquelle il est, au contraire, pleinement investi, est déjà un objectif tout à fait honorable. « J’ai toujours dit qu’être deuxième au championnat, ce serait déjà quelque chose de très bon pour nous, c’est magique. Donc ce que je dois faire, c’est me remettre de ma blessure, bien revenir en Autriche, me reconcentrer et essayer de ne pas faire les mêmes erreurs [qu’à Brno]. »
Quelle sera la place d’Álex Márquez face à ces deux hommes à la fin du championnat ?
Photo de : Alexander Trienitz
« Ce qui est important, c’est de continuer à avancer dans cette direction. Et quand les choses ne se passent pas aussi bien que les autres week-ends, il faut être un peu plus patient », a-t-il analysé, lui qui avouait avoir peut-être été un peu trop agité à Brno.
Mais Álex Márquez ne se fait pas d’illusions. Face à un Marc dans une telle forme, il juge que l’écart entre eux est plus logique aujourd’hui qu’il ne l’était en début de championnat. « Le fait d’être aussi proche de la tête si tôt dans la saison a été une surprise pour nous, et on sait pourquoi ça s’est produit. Les erreurs de Marc à Austin et à Jerez nous ont donné la possibilité de rester longtemps en tête », a fait remarquer le Catalan, très réaliste quant à ses capacités et à la supériorité de son aîné.
« Les données montrent clairement la supériorité de Marc, à tout moment. L’équipe Ducati ne cesse de peaufiner ses réglages, en introduisant de petites améliorations qui se ressentent. Ils ne cessent de s’améliorer. On savait déjà qu’avec ce que l’on a, il allait falloir que l’on donne le maximum chaque week-end et que l’on essaye de minimiser les dégâts. »
En revanche, pour celui qui dispose d’une Ducati de la saison dernière, afficher aujourd’hui 48 points d’avance sur Pecco Bagnaia, troisième, n’est pas une mince réussite. « Terminer deuxième du championnat, ce serait incroyable pour nous. Il ne s’agit pas seulement de se battre pour la deuxième place, c’est un objectif clair », a-t-il prévenu.
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