Et si le vrai luxe, c »était de ne rien entendre d’autre que le clapotis de l’eau et le chant des cigales ? À moins de 20 kilomètres de Toulon, dans le Var, se cachent trois plages préservées qui échappent au tumulte touristique. Ces criques discrètes, à l’écart des circuits classiques, offrent une parenthèse enchantée à ceux qui souhaitent reconnecter avec la nature et s’évader du quotidien. Si vous pensez connaître le littoral varois, attendez de découvrir ces joyaux confidentiels qui semblent tout droit sortis d’un rêve méditerranéen.

Anse de Méjean : une crique rustique au charme brut

C’est l’une des rares plages encore restée à l’état sauvage tout près de Toulon. L’Anse de Méjean, située à l’est de la ville, a su garder son âme intacte. Ici, aucun bâtiment en béton, aucun snack tape-à-l’œil, aucun parasol standardisé. À Méjean, c’est le relief, les roches, les pins et la mer qui dictent les règles.

Accessible uniquement à pied par un petit sentier côtier ou en bateau, l’anse révèle toute sa beauté à ceux qui font l’effort d’y parvenir. Cette accessibilité limitée joue un rôle de filtre naturel : seuls les plus curieux et les plus respectueux de la nature s’y aventurent. Le résultat est à la hauteur de l’effort : une crique préservée où le calme est quasi religieux. Ceux en quête de silence et d’intimité y trouvent un écrin paisible pour se ressourcer.

Côté mer, l’eau y est limpide, parfaite pour l’observation marine avec un simple masque et tuba. Côté terre, les flancs boisés de la presqu’île Protissol apportent une fraîcheur bienvenue à l’ombre des pins maritimes. C’est simple : tout y semble figé dans le temps, comme si la Méditerranée nous offrait une pause hors du monde.

Criques du Cap Nègre : l’ivresse de la rade sans la foule

À l’opposé, sur la façade ouest de Toulon, le Cap Nègre dévoile ses criques secrètes très prisées des habitués… qui préfèrent bien souvent garder le silence sur cette adresse. Et pour cause : ces petites criques, enclavées entre les falaises et la garrigue, offrent une vue panoramique prodigieuse sur la rade de Toulon, mais sans l’effervescence qui accompagne fréquemment les plages plus accessibles. La nature ici est encore plus brute. En descendant les chemins sinueux menant aux criques, le visiteur longe des paysages arides où s’alternent roches, herbes sèches et senteurs de thym sauvage. En contrebas, les criques apparaissent comme des oasis discrètes, parfois de quelques mètres seulement, isolées dans la roche et baignées d’une eau translucide.

Ces criques sont difficilement accessibles : il faut marcher tôt le matin ou connaître les bons accès par la mer. Mais cette contrainte est en réalité une bénédiction. Elle garantit une tranquillité rare même en plein été. On n’y croise le plus souvent que quelques amateurs de snorkeling ou de lecture solitaire, heureux de savourer ce luxe d’être seul face à la mer. Depuis certaines de ces criques, le regard porte jusqu’aux îles d’Hyères ou au Mont Faron. C’est un lieu pour les contemplatifs, les amoureux de la belle lumière, ceux qui savent qu’on peut passer une journée entière à regarder le soleil glisser lentement sur l’eau.

Plage des Engraviers à Bandol : galets turquoise et silence absolu

Cap à l’ouest de Toulon, du côté de Bandol. À 20 kilomètres à peine du centre-ville, la Plage des Engraviers évoque une carte postale vivante qu’on croyait perdue. Enveloppée dans un décor spectaculaire, elle combine les teintes minérales des galets, les dégradés turquoise de la mer et la verdeur des pins parasols qui bordent le sentier. Contrairement aux plages touristiques accessibles en voiture et envahies dès les premières heures, celle-ci demande un peu plus d’investissement personnel. Une marche d’environ 15 minutes est nécessaire pour y accéder. Et c’est ce qui change tout. Cette distance modeste trie naturellement les visiteurs : pas de familles bruyantes en convoi, pas de groupes de fêtards, mais plutôt des promeneurs à la recherche d’authenticité.

Une fois sur place, la magie opère immédiatement. Ici, on n’entend rien d’autre que le ressac et le vent dans les feuillages. On peut se délasser dans l’eau pure ou s’allonger sur les galets aux nuances ocres, grises et rosées, à l’ombre diffuse des pins. La Plage des Engraviers, c’est la définition parfaite d’une plage méditerranéenne protégée, où l’on vit au rythme du soleil. C’est aussi un lieu idéal pour décrocher, faire le vide, et se reconnecter avec les sens. L’air y est chargé d’odeurs de résine, la lumière y est plus douce, les sons plus feutrés. Et quand vient le moment de repartir, on ressent déjà l’envie irrépressible de revenir.