Par
Lisa Rodrigues
Publié le
6 août 2025 à 17h19
Le constat est sans appel : le nombre de noyades signalées en Isère lors de cette saison 2025 est affolant. « Les indicateurs sont inquiétants », confirme Richard-Daniel Boisson, sous-préfet de La Tour-du-Pin, lors d’une conférence de presse sur le sujet à Charavines, au bord du lac de Paladru.
Un site de baignade prisé qui a été le théâtre, en juin dernier en pleine période de canicule, de deux noyades dont une mortelle, alors qu’une large partie du lac est interdit à la baignade. « Depuis le début de la saison estivale, nous avons eu cinq noyades sur le département, dont quatre mortelles, rappelle le sous-préfet. C’est plus qu’au cours de tout l’été 2024. » Et la saison 2025 n’est pas terminée…
Les consignes à respecter
Car comme d’autres zones de baignade dites sauvages, le lac de Paladru est sujet à des dangers : variation de courant, différence de température (jusqu’à une dizaine de degrés d’écart entre la surface de l’eau et les profondeurs), des fonds parfois instables avec jusqu’à 33m de profondeur…
Avec les fortes chaleurs attendues dans les jours à venir, les collectivités et services de secours rappellent les règles à respecter pour limiter les risques de noyade : ne pas se baigner seul ou dans un état alcoolisé, garder un œil sur les personnes vulnérables (notamment les enfants), ne pas surestimer ses capacités… « Chaque usager est le premier acteur de sa sécurité », martèle le sous-préfet.
La plage municipale de Charavines sur le lac de Paladru, est la seule plage surveillée gratuite des environs. Elle est aussi la plus fréquentée. (©Lisa Rodrigues / actu Grenoble)
En cas de danger, le SDIS de l’Isère conseille d’appeler directement le 112. Les équipes de secours de proximité et, au besoin, les plongeurs vont ensuite opérer entre 2 et 3 heures sur le terrain.
« Au-delà, si la personne n’a pas été retrouvée, ce n’est plus une opération de sauvetage, précise le capitaine Bruno Besora, du SDIS 38. Nous passons la main à la gendarmerie [un poste saisonnier de 4 militaires est actif tout l’été autour du lac, NDLR], déjà pour s’assurer qu’il y a bien une personne disparue. » Cela a notamment été le cas récemment à Paladru, lorsqu’un paddle a été retrouvé dérivant. « Heureusement, il n’y avait personne en situation de noyade. »
Un nombre de noyades en hausse cet été
Si en Isère, le nombre de noyades est en hausse cet été, la tendance est la même au niveau national.
Selon la sous-préfecture de La Tour-du-Pin, entre le 1er juin et le 31 juillet 2025, 702 noyades ont été recensées en France (contre 468 en 2024) pour 193 décès. Rien que pendant la canicule de fin juin et début juillet 2025, on a déploré 315 noyades dont 86 mortelles.
56% des victimes de noyades sont adultes et 29% sont âgées de moins de 6 ans.
« On est obligé de répartir nos moyens »
Du côté des communes, on tente aussi d’agir contre les risques de noyade face à une fréquentation en hausse en été.
Le lac de Paladru est à la fois un lieu de destination touristique de grand rayonnement et une zone de baignade de proximité de toutes les agglomérations voisines.
Bruno Guillaud-Bataille
Maire de Charavines.
La commune de Charavines a ainsi mis en place depuis 2020 des agents d’accueil, la « brigade orange », qui assurent la prévention sur terre et dans l’eau, et la médiation sur la plage. Une mesure qui coûte chaque année environ 25 000 euros à la municipalité.
La mairie de Charavines a créé en 2020 une « brigade orange », des agents d’accueil sur sa place municipale, qui assure des missions de prévention et de médiation auprès des baigneurs. (©Lisa Rodrigues / actu Grenoble)
À côté, il y a les maîtres-nageurs présents uniquement les week-ends et mercredis, faute de budget suffisant. « On est obligé de répartir nos moyens : on ne peut pas garantir une équipe de maîtres-nageurs en plus de ce qu’on met en place, souffle Bruno Guillaud-Bataille. On a un accord avec le Pays Voironnais qui nous alloue un budget d’environ 7 000 euros pour recruter des maîtres-nageurs. »
Et ça, c’est quand la commune réussit à en recruter. « Cette année, il nous a fallu trois maîtres-nageurs pour couvrir les deux mois d’été. Le dernier, on l’a recruté à J-2 ! »
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.