Laurent Marciniak n’a rien, à première vue, d’un Che Guevara. C’est pourtant avec beaucoup de conviction qu’il est entré dans la révolution, le tournant majeur qu’est en train de prendre l’architecture française. Ou du moins, une partie de ses acteurs. « Pour moi, le temps du tout béton, c’est fini, l’architecture doit s’inscrire dans son époque et même être un acteur de la transition écologique », explique celui qui a fondé en 2017 l’agence l’Atelier 22 , tournée donc vers l’architecture environnementale. « C’est une lutte de chaque instant de faire prendre conscience de cela aux décideurs ».
Après l’avoir rencontré une première fois à Lesménils, à côté de Pont-à-Mousson, où la municipalité a eu recours à lui pour réhabiliter un ancien corps de ferme en un site d’habitations intergénérationnelles, nous retrouvons l’architecte à Château-Salins. Objectif cette fois : la transformation du cinéma de cette commune du Saulnois. « On a choisi Laurent Marciniak car on aime ce qu’il fait au niveau esthétique et on voulait redonner du cachet à notre cinéma, avec notamment une belle façade, explique Daniel Hamant, premier adjoint. Mais aussi car avec son architecture tournée vers l’environnement, on sait qu’on va réaliser des économies importantes en termes de factures énergétiques ».
Réduire l’utilisation de matières premières
Le cinéma de Château-Salins, bâti comme un petit théâtre à l’italienne, souffrait des affres du temps, notamment au niveau de la toiture. Au-delà de l’aspect esthétique, « revisité en conservant l’existant », explique Laurent Marciniak, l’isolation a été l’axe le plus important du travail de l’architecte. « Avec l’apport de laine de bois pour la toiture, de laine de chanvre pour les murs notamment », poursuit le Mussipontain.
« On a aussi pu enlever une des deux chaudières, la température sera la même grâce à l’isolation, mais la facture énergétique sera largement réduite ». Dans d’autres de ses réalisations, il a aussi utilisé de la laine de mouton. « Tous des matériaux biosourcés, c’est-à-dire fabriqués à partir de matière qui provient du vivant, ce qui réduit largement l’empreinte carbone de l’activité », détaille le spécialiste. Déjà parce que leur utilisation réduit largement l’utilisation de matières premières fossiles non renouvelables, leur production génère moins de gaz à effet de serre et ils contribuent à la réduction de l’empreinte carbone du bâtiment en lui-même.
Atteindre le passif à partir d’une rénovation
Mieux, Laurent Marciniak utilise autant que faire se peut des matériaux produits localement , dans le Grand Est, ce qui contribue encore à la réduction de l’empreinte carbone de l’activité et des édifications au niveau des transports. Le bilan est le même pour l’utilisation qu’il fait de briques en terre ou de tuiles en terre cuite, matériau « géosourcé » cette fois-ci. Son prochain objectif, et il est très ambitieux, est « de réussir à atteindre le passif à partir d’une rénovation ».