Le couple redoute déjà le retour de vacances. « On entend les avions vrombir en quasi continu, de la salle à manger jusqu’à la chambre, même fenêtres à double vitrage fermées », témoignent Danielle et Philippe F.
Leur appartement, situé chemin des Autrichiens, à Antibes, est régulièrement survolé par des appareils en approche de l’aéroport de Nice-Côte d’Azur.
Depuis leur emménagement, il y a six mois, le couple dit consulter quotidiennement, en ligne, les observations et prévisions météorologiques Metar (Meteorological aérodrome report).
« Même lorsque les conditions sont favorables, les pilotes passent quand même. Pour eux, il y a toujours un petit nuage qui traîne pour justifier un passage par les terres », grincent-ils, citant, en exemple, le lundi 14 juillet: « Ce jour-là, il y a eu énormément de passages. Logique. En suivant leur trajectoire sur internet, je les voyais tourner sur place en attendant de pouvoir atterrir. »
« Ces vols récurrents me gâchent la vie »
Le bruit irritant des moteurs « dérange » Philippe et « rend folle » son épouse. « Nerveusement, c’est très dur. Ces vols récurrents me gâchent littéralement la vie », confie-t-elle. Adhérent au Comité de lutte contre le survol d’Antibes Juan-les-Pins (Clusa), le couple a également signé la pétition, pour « faire cesser les survols intempestifs », lancée fin juillet, qui a recueilli, à ce jour, plus de 1.000 signatures.
Rien que le mois dernier, Philippe affirme avoir déposé plainte à trois reprises auprès du médiateur de l’aéroport: les 14, 15 et 20 juillet. « Dès qu’il fait beau et qu’un avion nous survole, je porte plainte », explique-t-il, suivant scrupuleusement le protocole exigé.
D’après le Clusa, plus de 210 plaintes auraient été enregistrées par l’aéroport depuis le début de l’année – contre 124 pour toute l’année 2024.
Un combat que les deux riverains affirment mener sous le regard réprobateur de nombreuses personnes. « Dénoncer l’aéroport suscite des moqueries », affirme Danielle, qui a le sentiment de parler d’un sujet » honteux ».
Sur les réseaux sociaux, leurs dénonciations seraient régulièrement effacées, et leur copropriété minimiserait le phénomène. « Ils disent que les survols ne sont pas si fréquents que ça. »
« On a le sentiment de s’être fait avoir »
Même leur petite campagne d’adhésion au Clusa, avec des flyers accrochés dans les parties communes, s’est soldée par un échec: « Nous n’avons eu que quatre ou cinq retours. Les gens ne veulent pas en entendre parler, ils sont désabusés. »
De quoi ébranler les deux riverains, qui affirment ne pas avoir été informés de ces nuisances lors de l’achat immobilier: « Le lieu est très beau, mais on a le sentiment de s’être fait avoir. » La tentation de vendre l’appartement se fait déjà sentir, mais Philippe préfère croire à une amélioration de la situation: « La lutte continue, on ne lâchera rien. »
« La mairie d’Antibes est du côté des riverains »
Le 4 juillet, un « point sur les survols » a réuni le Clusa, le maire d’Antibes, Jean Leonetti, et son adjoint à la santé, Éric Duplay.
« La mairie est du côté des riverains », a réagi ce dernier, avant de nuancer: « Mais si l’aéroport de Nice interdisait les avions non équipés du guidage satellitaire RNP-AR – permettant d’éviter les survols –, 80% du trafic disparaîtrait. Ce n’est, bien sûr, pas envisageable. »
De réelles contraintes
Un cul-de-sac pour la Ville? L’édile poursuit son rôle d’intermédiaire avec l’aéroport, qui évoque ses contraintes, notamment météo: « Parfois, la procédure d’évitement d’Antibes est impossible, à cause d’un plafond de nuages trop bas, même par temps jugé clément depuis le sol. »
La fréquence des survols est aussi contestée: « Elle varie entre 8 et 25%, selon la saison. Il n’est pas juste de dire qu’il y a un avion toutes les 3 minutes. »