La saison MotoGP 2025 avait mal commencé pour KTM,
engluée dans une crise financière et technique. Les débuts
difficiles de la RC16 ont mis les nerfs des pilotes à rude épreuve,
révélant autant de frustration que de doutes dans les box du
constructeur autrichien. Mais à mi-saison, une dynamique nouvelle
est née – et c’est Maverick Viñales qui en a été
l’étincelle.
Recruté cet hiver par Tech3, l’équipe satellite
de KTM, Maverick Viñales a été le premier à faire
briller la RC16 en 2025. Une performance brillante au
Qatar l’avait propulsé à la deuxième place, avant
qu’une pénalité de 16 secondes pour pression illégale des pneus ne
le rétrograde et anéantisse sa prouesse.
Pourtant, malgré ce coup dur, Viñales a
continué à progresser là où les pilotes d’usine semblaient
piétiner. Son adaptation à la RC16 a été contre toute logique
bien plus rapide que celle de Pedro Acosta
ou Brad Binder, et ses choix de réglages sont
rapidement devenus un point de repère.
Pour Pedro Acosta, jeune talent propulsé dans
l’élite, les premières courses ont été une épreuve. Multipliant les
chutes et les erreurs, le prodige espagnol s’est vu distancé par un
pilote censé être en équipe satellite. Son agacement grandissait à
mesure que Viñales devenait la référence en
piste.
Mais au lieu de sombrer dans une rivalité stérile,
Acosta a choisi une autre voie : l’écoute.
Hervé Poncharal :
« Maverick Viñales a pris Pedro sous son aile, sans jamais
se placer au-dessus »
« Pedro était un peu perdu, ce n’était pas le même
pilote que l’an dernier », confie Hervé
Poncharal, directeur de Tech3. «
Maverick, lui, a agi comme un capitaine. Il a pris Pedro sous
son aile, sans jamais se placer au-dessus. Il lui a tendu
la main, comme à un petit frère. »
Dans les coulisses, Viñales a aidé
Acosta à comprendre les subtilités de la RC16, à
dompter ses réactions nerveuses, à lire les données. Pas de grands
discours, mais une présence rassurante, un partage d’expérience
venant d’un pilote passé par Yamaha,
Suzuki et Aprilia. Et ce rôle de
« leader » s’est imposé de lui-même.
« Il ne disait pas : “Je suis meilleur”. Il disait :
“Travaillons ensemble” », raconte
Poncharal. « Ce projet lui plaît.
Il veut faire avancer l’équipe. »
Les efforts conjoints ont fini par payer.
Pedro Acosta a décroché son premier podium de
la saison à Brno, juste avant la pause estivale.
Il est désormais le mieux classé des pilotes KTM,
pointé au 7e rang du championnat, tandis que
Viñales – absent des deux dernières courses pour
blessure – reste onzième.
Acosta ne cache pas sa reconnaissance : «
les gens oublient parfois à quel point Maverick est talentueux.
Il a trouvé les clés de cette moto. J’ai beaucoup appris
grâce à lui. »
Si Acosta et Viñales incarnent
la relance KTM,
Brad Binder traverse, lui, une période plus
sombre. Longtemps considéré comme le « golden boy » de la marque,
le Sud-Africain peine à retrouver le rythme. Pas un seul top 5
cette saison, une gestion du pneu arrière en souffrance, et un
moral en berne. Mat Oxley lui-même note qu’il n’est plus « l’homme
fort » de KTM.
Quant à Enea Bastianini, en grande difficulté
depuis son arrivée en provenance de Ducati, un
podium lors du Sprint à Brno pourrait marquer le début de son
retour. Rien n’est encore gagné, mais le moral est en hausse dans
les rangs orange.
2025 devait être l’année de Binder et
Acosta, mais c’est Viñales qui a
pris le flambeau. En devenant une référence technique, un mentor et
un catalyseur, il a rebattu les cartes chez KTM.
La RC16 n’est pas encore une machine à gagner, mais grâce à cette
synergie inattendue, elle semble avoir enfin trouvé sa voie.
Et dans un paddock MotoGP où les égos débordent plus
vite qu’un réservoir d’essence, l’humilité et la solidarité de
Maverick Viñales pourraient bien être le moteur du
renouveau KTM.