Un médicament pour dormir très prescrit après 60 ans pourrait augmenter le risque de démence de 60 % chez les seniors, selon des données Inserm. L’ANSM alerte sur leur usage prolongé et préconise des alternatives non médicamenteuses pour préserver la mémoire.
Se sentir épuisé et chercher un sommeil réparateur après 60 ans semble naturel. Pourtant, un médicament prescrit pour aider à dormir pourrait vous faire perdre la mémoire, c’est ce que souligne une alerte de santé lancée début avril en France. L’ANSM met en garde sur l’usage prolongé d’un type de benzodiazépine chez les seniors.
Ces médicaments sont souvent prescrits pour calmer l’anxiété ou combattre l’insomnie sévère chez les plus de 65 ans. Mais l’agence indique que « ces médicaments ne sont pas sans risques » et que « chez les personnes âgées, elles peuvent être également à l’origine d’autres types d’effets indésirables graves tels que des chutes et des troubles cognitifs ».
Pourquoi les benzodiazépines posent problème après 60 ans ?
Dans une campagne lancée le 10 avril, l’ANSM alerte sur les prescriptions trop longues chez les seniors, souvent au‑delà des durées recommandées (3 semaines pour l’insomnie, 12 semaines pour l’anxiété) pour des molécules commercialisées depuis les années 1960. Et il en ressort que, Les benzodiazépines sont en effet très prescrites aux plus de 65 ans, relate le Journal des Femmes.
L’étude menée par les spécialistes d’Inserm a suivi 8 240 personnes âgées de plus de 65 ans pendant plus de huit ans. Parmi elles, 830 ont développé une démence. Les auteurs notent que les benzodiazépines à demi‑vie longue (plus de 20 h dans l’organisme) sont associées à un risque de démence majoré de 60 %.
Christophe Tzourio, neurologue et co‑auteur du centre de recherche d’Inserm, déclare : »Il y a clairement une différence de signal entre benzodiazépines à durée de vie longue et celles à durée courte. Or les premières ont déjà été identifiées comme dangereuses chez les personnes âgées, notamment en raison du risque de chutes, et nous avons été étonnés de voir qu’elles étaient encore fréquemment consommées ».
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Quelles alternatives aux benzodiazépines après 60 ans ?
Face à ces risques, l’étude recommande vivement la prudence : « Nos résultats suggèrent au minimum une vigilance renforcée de tous, en particulier des médecins et des autorités de santé, pour éviter cette consommation de benzodiazépines à demi‑vie longue chez les personnes âgées ».
D’autres pistes non médicamenteuses sont proposées : activité physique régulière, limitation des siestes, diminution des nuisances lumineuses ou sonores et consultation du médecin ou pharmacien pour explorer d’autres solutions. L’ANSM insiste aussi : les benzodiazépines doivent rester « une aide temporaire », et ne jamais être associées entre elles afin de limiter l’effet cumulatif des risques.