Tout est parti d’une simple proposition de réinsertion. Le service médico-psychologique régional (SMPR) de la prison de Rennes-Vezin (Ille-et-Vilaine) avait prescrit un séjour de « surf thérapeutique » d’une semaine à Saint-Malo pour certains des détenus. L’initiative devait se concrétiser à la rentrée, avant que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ne décide de l’annuler, devant la colère d’un syndicat pénitentiaire.
« Le SMPR est totalement aux abonnés absents pour soigner ces détenus dangereux ! Mais lorsqu’il s’agit de dépenser des crédits (qu’au passage, on serait heureux d’avoir), ils sont aux anges », s’agaçait Éric Toxé, secrétaire local du syndicat UFAP-Unsa, dans un communiqué publié jeudi dernier. Le syndicaliste a redit sa colère ce lundi au micro de RMC. « C’était une ineptie », a-t-il jugé.
« C’est insultant »
« C’est insultant pour le personnel, c’est insultant pour les victimes car la prison, c’est pas ça pour eux», a-t-il insisté. « Et c’est insultant pour les Français car on leur demande de se serrer la ceinture ». Et de poursuivre : « Cela se saurait si faire du surf permettait à des détenus qui présentent des troubles psychologiques d’être soignés ».
Depuis, la place Beauvau a assuré vendredi auprès du HuffPost que « le garde des Sceaux avait demandé l’annulation immédiate de cette activité qui devait avoir lieu à la rentrée, conformément à la doctrine qu’il a instaurée à son arrivée ».
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En février dernier, Gérald Darmanin avait en effet ordonné l’arrêt de toutes les « activités ludiques » en prison qui ne concernent pas l’éducation ou la langue française. Le Conseil d’État avait toutefois annulé cette interdiction, la jugeant contraire au code pénitentiaire.
Des activités qui « réapprennent aux gens à revivre normalement »
L’interdiction voulue par Gérald Darmanin faisait suite à une polémique sur des soins du visage prodigués à des détenus à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses. « Il est hors de question d’avoir des activités ludiques qui choquent tous nos concitoyens et qui m’ont choqué profondément lorsque j’ai appris que cette activité gratuite qui avait été proposée localement avait été acceptée », avait-il alors déclaré.
« C’est un tort » que de supprimer de telles activités, avait réagi pour sa part la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, soulignant qu’elles étaient « prévues par la loi ». « Ces activités ludiques ne sont pas simplement ludiques, elles réapprennent aux gens à revivre normalement ».
L’objectif de ces activités, « c’est la réinsertion », avait insisté auprès du Parisien Annabelle Bouchet, secrétaire générale adjointe du syndicat pénitentiaire Snepap-FSU. Les ateliers proposés sont « toujours à visée socio-éducative, afin d’éviter la récidive », avait martelé la conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation.