MOSCOU – Pour la première fois depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier, un haut représentant syrien s’est rendu à Moscou il y a quelques jours. Lors de cette visite symbolique, le nouveau chef de la diplomatie de Syrie, Assaad al-Chaibani, a exprimé le souhait de renforcer les liens avec l’un des alliés historiques de Damas : la Russie.
Un appel à la coopération dans un contexte régional instable
La visite intervient dans un climat marqué par une instabilité persistante au Levant. Le ministre syrien a souligné les multiples défis auxquels son pays est confronté, évoquant une période « remplie de menaces », tout en insistant sur l’opportunité de rebâtir une Syrie unie et résiliente. Pour ce faire, Damas souhaite pouvoir compter sur le soutien de Moscou, un partenaire stratégique dont le rôle dans le conflit syrien, notamment entre 2015 et 2023, fut déterminant dans le maintien du précédent régime.
Les discussions entre les deux parties n’ont pas encore donné lieu à des annonces concrètes, mais le ton employé par le chef de la diplomatie syrienne laisse entendre une volonté affirmée de poursuivre une relation bilatérale solide. À Moscou, les autorités russes restent cependant prudentes dans leur communication, évitant pour l’instant de s’engager publiquement dans une nouvelle dynamique d’alliance avec le pouvoir en place à Damas.
Un repositionnement diplomatique syrien sous surveillance
Depuis la disparition politique de Bachar al-Assad, la Syrie tente de repositionner sa diplomatie dans un environnement géopolitique en recomposition. L’ancien soutien militaire russe, qui avait permis à Damas de reprendre plusieurs territoires stratégiques, reste un levier d’influence que le nouveau gouvernement cherche à réactiver, alors même que la Russie est désormais davantage absorbée par ses priorités sur d’autres fronts, notamment en Ukraine et en Asie centrale.
L’appel lancé par Assaad al-Chaibani à Moscou semble ainsi s’inscrire dans une tentative de reconstruire un réseau d’alliances dans une région où les équilibres traditionnels ont été bousculés. Des puissances comme l’Iran, la Turquie ou encore certains États du Golfe jouent également un rôle croissant dans la redéfinition des rapports de force au Proche-Orient, compliquant les marges de manœuvre de Damas.
Alors que la situation intérieure syrienne reste fragile, avec une économie affaiblie et un tissu social fracturé, le soutien international apparaît plus que jamais comme un enjeu central pour le régime en place. Reste à voir si la Russie, engagée dans une période de redéfinition de ses propres priorités diplomatiques, répondra favorablement à cet appel.