Un patron qui touche 29 milliards quand tout va mal, c’est un peu osé. Pourtant, c’est l’équivalent de ce que Tesla a offert à Elon Musk, dimanche, sous forme d’actions (cela représente 25 milliards d’euros). Malgré les difficultés financières de l’entreprise automobile, maintenir les promesses de rémunération à son patron semble être un moyen pour le garder à tout prix.

Le 23 juillet, Tesla annonçait que son bénéfice net pour le deuxième trimestre de l’année était en recul de 16 %. Cette baisse peut s’attribuer à la chute des ventes de véhicules de la marque, qui, elle-même, s’explique au moins partiellement par l’image impopulaire d’Elon Musk. L’implication du grand patron de la marque auprès du gouvernement américain de Donald Trump avait justifié plusieurs appels au boycott depuis janvier.

« Retenir Elon est plus important »

Il s’agit en fait d’une affaire vieille de sept ans. En 2018, les actionnaires de Tesla validaient un plan de rémunération pour Elon Musk. Celui-ci prévoyait le versement de 56 milliards de dollars d’actions Tesla, conditionné à l’atteinte de plusieurs objectifs sur dix ans. Une juge du Delaware, saisie par un actionnaire, l’a annulé en janvier 2024. La décision estimait que le board avait reçu des informations « trompeuses » en amont de ce vote. Mi-juin 2024, le versement a de nouveau été validé, puis rejeté par la justice une seconde fois, avant que Tesla fasse appel de cette décision.

Pour certains actionnaires de Tesla, le versement du plan constitue une priorité : « Retenir Elon est plus important que jamais auparavant », précise l’entreprise. Le milliardaire avait laissé entendre qu’il pourrait quitter Tesla s’il n’obtenait pas plus d’actions pour renforcer son contrôle sur l’entreprise. Et malgré plusieurs rumeurs au printemps, les autres responsables du fabricant automobile ne semblent pas décidés à se débarrasser de lui, en dépit de l’image ternie que revêt le milliardaire conservateur.

Tesla va miser sur les voitures électriques

Ses soutiens n’ont pas l’air de reprocher à Elon Musk ses engagements politiques qui l’ont un temps éloigné de ses activités d’entrepreneur. Si le milliardaire a lancé son propre « America Party », il a quitté le département de l’efficacité gouvernementale au sein de l’administration Trump. Son engagement et ses positions conservatrices avaient motivé plusieurs mouvements de boycott qui ont pu jouer sur les résultats de Tesla. « Si l’on considère que Tesla est avant tout une entreprise automobile, alors les résultats sont décevants, a constaté Adam Crisafulli, fondateur du cabinet d’études de marché Vital Knowledge, dans une note de recherche publiée le 23 juillet et rapporté dans Le Monde. Si l’on considère que Tesla est un géant de l’intelligence artificielle et de la robotique, alors les résultats du deuxième trimestre ne changent rien aux perspectives du groupe. »

Car oui, après les voitures électriques, le groupe mise maintenant sur les robots-taxis. Les premiers ont été lancés en juin à Austin au Texas. Pour Tesla et Elon Musk, c’est sûr, tout ira mieux quand la conduite automatique se sera généralisée. A moins que. Vendredi, un tribunal de Floride a considéré Tesla comme partiellement responsable d’un accident mortel de 2019 impliquant une voiture disposant de l’option « pilotage automatique ».