Deux couples d’amis, la petite trentaine, qui se retrouvent dans une colocation du quartier de Neukölln, à Berlin… Jusque-là, rien d’anormal. Comme toutes les six semaines, Laura et Madru ont rendez-vous chez Jana et Luka – ils ne donneront que leur prénom, pour ne pas être reconnus de leurs clients et patients respectifs.

“On s’est décidés, pour le voyage aux Galápagos”, annonce Jana. La nouvelle ne suscite ni félicitations, ni interrogations, Laura et Madru se contentent d’acquiescer. Il faut dire qu’ils en savent déjà beaucoup sur ce périple en Amérique latine, qui durera trois mois au total. Notamment sur son coût. Car ils vont contribuer à son financement – même s’ils ne seront pas du voyage.

Les quatre amis partagent toutes leurs ressources et leurs dépenses. À chaque début de mois, ils virent leurs salaires sur un compte commun, qu’ils ponctionnent en fonction des besoins, indépendamment du montant apporté par chacun. Laura, Madru, Jana et Luka n’ont rien inventé, il s’agit d’un concept né dans les milieux de gauche, baptisé “gemeinsame Ökonomie” [“économie commune”], ou “GemÖk”.

Ces collectifs peuvent rassembler de deux à plus d’une dizaine de membres, qui, souvent, ne vivent pas ensemble. Contrairement aux communautés classiques, ils ne partagent pas leur quotidien, seu