Toutes les cases étaient pourtant cochées. La météo : ensoleillée. Les bénévoles : nombreux. La programmation : aux petits oignons. Mais ça n’a pas suffi. « Cette 28e édition n’a pas été top, » lâche Mustapha Kerroua, directeur artistique du festival de la Rue des artistes. 4 113 personnes seulement sont allées écouter les artistes dans le parc Nelson-Mandela, entre le 13 et le 15 juin dernier. C’est 1 500 de moins qu’en 2024. « Pourquoi en manque-t-il autant ? s’interroge le directeur. On espérait au moins 6 200 spectateurs. »

Après une édition 2023 compliquée en termes de fréquentation, une bonne fournée 2024 avait ramené un nouveau souffle d’espoir à l’association organisatrice, Atout monde. Mais l’essai n’a pas été transformé en 2025.

« Avant, on était un peu préservés de la concurrence, au mois de juin, beaucoup moins maintenant »

« Il y a eu d’autres événements le même week-end, analyse Cynthia Fort, chargée de production, et organisés à moins de cinquante kilomètres, à Lyon, Saint-Étienne ou Vienne. Avant, on était un peu préservés de la concurrence, au mois de juin, beaucoup moins maintenant. »

Le samedi 14 juin, notamment, se tenait à Geoffroy-Guichard le Latéral festival, qui a sans doute attiré un public branché reggae, alors même que la programmation de la Rue des artistes était dans cette veine ce soir-là. « Le samedi, on a pris une claque, » reconnaît le directeur.

Une hausse des cachets artistiques

Ce constat tout de même : parmi les autres festivals de musique actuelle, la tendance générale est plutôt à la morosité, et Saint-Chamond ne fait pas exception, contrairement à l’an dernier. Les billets ne partent pas bien, et quand ils partent, c’est souvent au dernier moment.

« Cela ne va pas aller en s’arrangeant, » prédit Jules Vernay, administrateur d’Atout monde, en pointant notamment « la hausse des cachets artistiques, avec l’inflation ». Des artistes têtes d’affiche qui demandent des sommes de plus en plus importantes (certains ont déjà réclamé 40 000 euros), alors que, dans le même temps, les autres sources de financements ne suivent plus.

« Nous essayons d’utiliser le mécénat, ça avait bien marché en 2024 mais en 2025, les entreprises nous donnent moins. » Quant aux subventions publiques, elles ont été maintenues pour la Ville, la Région et la Métropole, mais celle du Département est – a priori, l’association attend encore confirmation – revue à la baisse.

Entre 40 et 45 % de baisse

Les recettes du bar et de la billetterie affichent, elles, entre 40 % et 45 % de baisse, par rapport à 2024. « On n’a pas rentré d’argent. On n’est pas déficitaires, mais ça va forcément avoir un impact sur les prochaines manifestations d’Atout monde, se désole Mustapha Kerroua. Il va falloir taper dans les fonds propres, qui ne sont pas importants. »

Le risque, c’est de mettre à terme, au chômage, deux salariés, une alternante, mais aussi la petite vingtaine de personnes qui travaillent pendant le festival. C’est tout un petit système économie local qui peut s’effondrer.

« Nous sommes encore loin de ce qu’on pourrait exiger »

Les tarifs d’entrée ont été revus l’an dernier : « Pour faire un festival à 10 euros la journée, on est obligés d’avoir de l’argent public, explique le directeur. Il n’y a pas de modèle économique à 5 euros l’entrée, et même à 10 ou 12 euros, mais nous sommes encore loin de ce qu’on pourrait exiger. Nous sommes très loin de payer le plateau du samedi soir ». Et pourtant, les organisateurs tiennent à garder l’âme du festival, engagée et populaire, avec des tarifs accessibles.

Alors faut-il augmenter – un peu — le prix d’entrée de la Rue des artistes ? Faut-il prendre moins de têtes d’affiche, plus d’artistes émergents ? Faut-il aller chercher de nouvelles sources de financement ? Des questions qui se poseront sans aucun doute avant la prochaine édition.

Si on ne connaît pas encore la programmation, vous pouvez déjà cocher la date sur le calendrier. Le prochain festival de la Rue des artistes aura lieu les 19, 20 et 21 juin 2026, le même week-end que la Fête de la musique.

On n’a pas rentré d’argent. On n’est pas déficitaires, mais ça va forcément avoir un impact sur les prochaines manifestations.

Mustapha Kerroua, directeur artistique du festival