L’époque où les États-Unis se targuaient publiquement d’être un modèle sur la question des droits humains est révolue depuis que Donald Trump s’engouffre ouvertement dans des rapports de force à l’international. Ses amitiés – qui n’échappent pas à des épisodes de tensions, entre menaces de représailles et coups de pression – avec des régimes autocratiques comme Israël, la Russie et le Salvador sont ainsi des exemples du nouveau rapport au monde que cultive la Maison Blanche.

Les projets de rapports annuels du Département d’État sur les droits humains, auxquels a eu accès le Washington Post, en sont le dernier symbole en date. Depuis près de cinquante ans, les diplomates états-uniens sont chargés de rédiger ces rapports annuels du Département d’État sur les droits humains. Leurs conclusions sont désormais régulièrement invoquées dans le cadre d’affaires judiciaires, tant aux États-Unis qu’à l’international.

« Supprimer les références à de nombreuses violations potentielles »

L’administration Trump a, selon les informations du quotidien américain, l’intention de réduire l’impact de ces travaux à des fins diplomatiques. Les possibles critiques du gouvernement états-unien à l’égard de certaines nations étrangères ayant de nombreux antécédents d’abus devraient ainsi être réduites au silence. Les trois États cités plus haut – Israël, Russie et Salvador – en sont les premiers bénéficiaires.

Les directives internes diffusées par les dirigeants du Département d’État, plus tôt cette année, ont intimé les diplomates de « supprimer les références à de nombreuses violations potentielles des droits humains », rapporte le Washington Post.

Les gouvernements qui ont expulsé des civils vers un pays où elles risquaient d’être torturées, commis des crimes impliquant des violences contre les personnes LGBTQIA + ou de la corruption seront ainsi protégés par la Maison Blanche.

Difficile de ne pas y voir aussi un moyen de s’exempter, alors que l’administration Trump multiplie elle-même les actes de répression à l’échelle nationale : guerre ouverte contre les personnes racisées, avec des raids de l’ICE, et la communauté LGBTQIA +, expulsions illégales d’immigrés vers le Salvador ou le Soudan du Sud.

De même, ces projets de rapports se conforment à la doctrine impulsée par la Maison Blanche : aucune référence à une possible corruption au niveau fédéral, à des accusations de violences sexistes et sexuelles – notamment visant Donald Trump -, ou aux abus législatifs du gouvernement.

« Le rapport 2024 sur les droits humains a été restructuré de manière à supprimer les redondances, à améliorer la lisibilité et à mieux répondre au mandat législatif qui le sous-tend, a tenté de justifier, mercredi 6 août, un haut responsable du département d’État s’exprimant sous couvert d’anonymat. Le rapport sur les droits humains se concentre sur les questions fondamentales. »

Le recul de la liberté d’expression

À titre d’exemple, « le projet préparé pour Israël compte 25 pages ; le rapport de l’année dernière en comptait plus de 100 », illustre le Washington Post. Ce responsable a déclaré que l’administration Trump apporterait une nouvelle attention à certains problèmes, notamment le recul de la liberté d’expression dans certains pays alliés des États-Unis, et ce, alors que la Maison Blanche a elle-même été critiquée pour avoir restreint la liberté d’expression de la population. Les tentatives d’expulsions d’étudiants étrangers des États-Unis, par exemple le prisonnier politique palestinien Mahmoud Khalil, pour avoir critiqué le génocide perpétré par Israël dans la bande de Gaza, sont légion.

Les directives internes ont été rédigées par Samuel Samson, nommé politiquement par Trump au Département d’État. Ce dernier a pris la lumière après avoir qualifié publiquement l’Europe de « foyer de censure numérique, de migrations massives, de restrictions à la liberté religieuse et de nombreuses autres atteintes à l’auto-gouvernance démocratique ». Surtout, Samuel Samson est chargé d’examiner… les rapports sur le Salvador, Israël et la Russie.

Preuve du désintérêt de l’administration Trump pour ces questions, les rapports n’ont toujours pas été révélés. Or, le Congrès exige que ces derniers soient transmis aux législateurs avant la fin février, pour une publication en mars ou avril. Problème, les responsables états-uniens actuels et anciens questionnés par le Washington Post l’affirment : la plupart des rapports sur l’année 2024, donc pour une publication l’année suivante, étaient presque terminés lorsque l’administration Biden a pris son départ en janvier dernier.

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