À 48 ans, Konstantin Bondarenko est chauffeur routier en France depuis une vingtaine d’années. Originaire du sud de la Russie, son parcours est atypique. «Je voulais découvrir l’Europe, et je ne pensais pas rester ici… » Au début des années 2000, il voyage, un permis poids lourds en poche. Belgique, Espagne… Il finit par conduire des camions pour les tournées d’un cirque international.


«Le plus dur, c’est de savoir ce qui est au masculin ou au féminin»


«À force d’assister aux répétitions, je me suis mis à faire de la voltige sur des chevaux !» C’est là qu’il rencontre sa femme. Elle vit en France, il décide de s’y installer. «Il y a eu la barrière de la langue, mais elle m’a aidé, explique celui pour qui le plus important est la volonté. J’apprenais les mots dans le dictionnaire. Le plus dur, c’est de savoir ce qui est au masculin ou au féminin.» Arrivent les allers-retours entre l’ambassade et la préfecture pour faire renouveler son passeport et obtenir un titre de séjour. En 2005, il devient sans trop de mal chauffeur pour livrer les légumes d’une entreprise francilienne. Elle ferme quatre ans plus tard et Konstantin Bondarenko se retrouve au chômage. Il doit passer une certification pour être autorisé à conduire de nouveau. Un défi pour le routier qui maîtrise mieux le français à l’oral qu’à l’écrit.


Après un passage par l’intérim, il travaille depuis treize ans dans le groupe Delisle. «Le recrutement de chauffeurs étrangers n’est pas un moyen de trouver des candidats, indique Vincent Moret, DRH du groupe qui emploie 1427 salariés, dont 50 ne sont pas français. Nous misons plus sur le bouche-à-oreille concernant nos conditions de travail.» Monté en compétence en interne, Konstantin Bondarenko a pu passer du camion bâché à la citerne. Sur les routes du lundi au vendredi, il livre la production de sucreries du nord de la France à des usines agroalimentaires. Et devenir français, un jour ? «Je n’ai jamais réfléchi à ça», répond-il. Son titre de séjour lui permet de vivre sans difficulté dans le pays. 


Couv 3742Vous lisez un article du numéro 3742 de L’Usine Nouvelle – Mai 2025

Lire le sommaire


 


 

Sélectionné pour vous

Tourisme fluvial et décarbonation boostent l'activité des chantiers navals le long de la Seine