Tout comme le soleil qui parvient à se frayer un chemin dans la grisaille moscovite, l’espoir dans la capitale russe subsiste même dans le brouillard. Bien que la visite, à Moscou, de Steve Witkoff, émissaire de la Maison Blanche, n’ait apporté aucune avancée concrète, Roman, bio-informaticien de 25 ans, qui se prépare à partir travailler au Royaume-Uni, a « envie de croire dans le meilleur ».
« J’espère un cessez-le-feu »
« J’espère vraiment qu’on aboutira bientôt à un cessez-le-feu, confie le jeune homme, pourtant loin d’être naïf. Mais je suis aussi prudent face aux déclarations de Donald Trump. Après tout, il a promis initialement de régler ce conflit en 24 heures. »
La nouvelle idée du président américain est de donner d’abord 50 – ensuite réduits à dix – jours pour asseoir Vladimir Poutine à la table des négociations. Faute de quoi, Washington a menacé Moscou et ses partenaires commerciaux de nouvelles sanctions, ainsi que de droits de douane pouvant atteindre 100 %.
Une menace qui divise. « Les seuls qui seront affectés, ce sont les Russes lambdas qui n’ont jamais voulu cette guerre », regrette Roman, conscient que les sanctions frappent d’abord la population. Depuis février 2022, plus de 18 000 mesures de rétorsion ont été imposées à la Russie – un record historique -, sans pour autant ébranler le pouvoir central.
Vassily, un homme âgé qui préfère utiliser un pseudonyme pour sa sécurité, ne cache pas son amertume. « Ce n’est que le 325e paquet de sanctions », ironise-t-il. « Rien ne va changer. La seule issue possible à ce conflit est la fin. » Il marque une pause, regarde derrière lui, puis murmure : « …de quelqu’un. »
Aucune percée
Malgré la venue remarquée de l’émissaire américain, la situation reste bloquée. « Aucune percée », résume le média d’opposition russe Radio Svoboda. Un représentant de la Maison-Blanche, cité par l’agence Reuters, a également affirmé que « les sanctions secondaires devraient toujours entrer en vigueur vendredi 8 août, comme prévu », malgré une rencontre jugée « constructive ».
De leur côté, les autorités russes restent silencieuses, se contentant de publier un communiqué laconique évoquant « un échange de vues approfondi ». Dans les rues de Moscou, la propagande d’État continue de battre son plein : des affiches patriotiques aux slogans bellicistes ornent les stations de métro, tandis que les chaînes de télévision martèlent un discours triomphaliste.
Néanmoins, l’espoir meurt en dernier. Anastasia, originaire de Kaliningrad, venue à Moscou pour des démarches administratives, veut croire en le meilleur. Elle confie son épuisement face à la situation actuelle : « Je n’en peux plus d’enterrer mes amis partis combattre en Ukraine. » Son mari, elle l’a envoyé en Égypte, pour le protéger de la mobilisation. « Ils prennent tout le monde », dit-elle, le regard vide.
Depuis le début du conflit, plus de 500 000 hommes auraient été mobilisés, selon les estimations occidentales, dont une grande partie sans réelle formation. Les réseaux sociaux russes bruissent de vidéos d’épouses et de mères réclamant le retour de leurs proches.
À quelques heures de l’échéance fixée par les États-Unis, la paix semble encore lointaine. Mais dans l’air lourd de Moscou, subsiste une attente, fragile, comme suspendue. Peut-être, simplement, une envie collective que cela s’arrête.