LE MATCH DES TUBES (24 / 40) – L’amour pluriel peut-il durer ? Ou faut-il choisir entre la passion et la raison ? Nicole Croisille, Jean-Jacques Goldman, Patrick Fiori et Christine Ricol ont un avis bien différent sur la question.

Il n’y a pas que les hommes qui sont tiraillés côté cœur. Les femmes aussi ont parfois un choix à faire entre le mari et l’amant, entre la raison et la passion. Véronique Sanson avait ouvert la voie dans « Amoureuse » (« Une nuit, je m’endors avec lui mais je sais qu’on nous l’interdit »). Dès 1975, Nicole Croisille, disparue en juin dernier à l’âge de 88 ans, avait décidé de partir sans rien dire dans « Téléphone-moi ». Un an plus tard, plus question de choisir, mais de varier les plaisirs. 31 ans après, Jean-Jacques Goldman et Patrick Fiori racontent la même histoire, mais vue par l’officiel et l’amant dans « J’ai besoin de toi, j’ai besoin de lui » face à « Quatre notes sur un piano ».

Nicole Croisille possède sans doute la voix la plus sous-évaluée de la chanson française. « Téléphone-moi », « Il ne pense qu’à quoi » et « Une femme » sont de vraies pépites qu’on écoute avec plaisir. En 1976, elle raconte un dilemme : une femme prise en tenaille entre deux amours. Elle l’assume : « Ne me demande pas pour la dernière fois si enfin j’ai choisi entre toi, entre lui. Si je ne réponds pas, je sais, tu partiras. J’ai besoin de toi, j’ai besoin de lui. Voilà la vérité. » Chacun a ses qualités et apporte à la chanteuse ce dont elle a besoin : la tendresse, la douceur et l’insouciance pour l’un ; la force et la volonté pour l’autre. C’est un véritable cri poignant d’une femme incapable de choisir – soutenu par le piano et les cordes. La voix de Croisille y est au sommet. « Tu crois encore que seul un homme a tous les droits et qu’une femme n’a qu’un seul dieu ou qu’un seul roi. Pourquoi as-tu si peur de voir changer les choses ? », lance-t-elle comme une bouteille à la mer. On ne connaîtra pas l’issue. En 1976, le trouple n’avait pas bonne presse.

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« Choisir serait nous trahir »

En 2007, Jean-Jacques Goldman, Patrick Fiori et Christine Ricol présentent en trio une histoire d’amour multiple. « Quatre notes de piano » raconte les origines d’une relation à trois qui dure depuis quatre ans. « Mais qu’aurait donc cet autre que je n’ai ? Ne le saurai-je jamais ? », regrette Fiori. « Moi j’aurais tant fait pour elle, pour boire à son eau. Que lui donne l’autre que je n’offrirais ? », souffle Goldman. Ils ont donc décidé de la « partager », mais les histoires d’amour, même à trois, finissent mal. Les deux amoureux se lassent et demandent à leur dulcinée de choisir. « Vous étiez ma vie comme la nuit et le jour. Vous deux, noués, filiez mon parfait amour. Un matin vous m’avez condamnée à choisir. Je ne vous aimais qu’à deux. Je vous laisse, adieu. Choisir serait nous trahir », conclut Ricol dans cette chanson un peu plombante – la musique est très sobre et sans l’emballement qu’une telle situation pourrait créer.

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Alors le non-choix ou le départ ? Le morceau de Nicole Croisille, beaucoup moins froid et distant, dont les envolées lyriques et vocales sont nettement plus prononcées, emporte nos suffrages. L’artiste n’avait pas sa pareille pour transmettre une véritable émotion et sensibilité. « Dabadabada… »