Marvel a beau connaître un succès jusque là très tiède avec Les 4 Fantastiques : Premier pas, le boss de Disney assure que tout va bien, et se déroule comme prévu.
Premiers pas et premier faux pas, peut-être. Les 4 Fantastiques nouvelle génération étaient attendus au tournant chez Marvel, surtout après le bide (mérité) de Captain America 4 et le bide (pas mérité) de Thunderbolts*. Mais c’est la dure loi d’une industrie qui a perdu la tête : le dernier épisode du MCU a beau approcher des 400 millions au box-office mondial, il est perçu comme un succès plus que tiédasse.
Pourquoi ? Parce qu’il a coûté dans les 200 millions hors promo, parce qu’il arrive après plusieurs douches froides servant désormais de repères chez Marvel (les 476 millions au box-office d’Ant-Man 3), et parce que c’est le premier film de la Phase 6 qui prépare Avengers : Doomsday et Avengers : Secret Wars. Il a donc une importance capitale, sachant que le seul autre avant la grande réunion est Spider-Man : Brand New Day, un coup gagné d’avance niveau commercial.
Quelques semaines après la sortie, le patron du MCU Kevin Feige avait reconnu l’échec de Thunderbolts*, lié selon lui au titre et aux personnages trop obscurs. En sera-t-il de même avec Les 4 Fantastiques, qui vient de dépasser le score de ces Nouveaux Avengers en salles ? Probablement pas puisque le boss de Disney dit que tout va bien.
L’USINE À ̶R̶Ê̶V̶E̶S̶ SUITES ET REMAKES
Pour rappel, Bob Iger est l’homme qui a été rappelé pour éteindre les incendies chez Mickey. PDG de The Walt Disney Company entre 2005 et 2020, il est revenu en catastrophe en 2022 pour remplacer son successeur, Bob Chapek, poussé vers la sortie. Parmi les objectifs : stopper l’hémorragie Disney+ où trop d’argent étaient dépensé, dans trop de films et séries.
Un studio tel que Disney étant aussi simple à manœuvrer que le Titanic face à l’iceberg, tout ne s’est pas réglé immédiatement. Trois ans après son retour, la mission de Bob Iger reste donc sûrement sacrément lourde. Et l’homme d’affaires, qui est le visage de la compagnie, a redonné le cadre de leurs ambitions lors de la discussion régulière sur leurs chiffres, comme rapporté par Variety :
Bob Iger avec son nouveau salaire
« Nous continuons à nous concentrer sur la création de nouvelles propriétés intellectuelles. C’est évidemment d’une grande valeur pour nous sur le long terme. Mais nous savons aussi que la popularité de nos propriétés intellectuelles plus anciennes reste significative, et les opportunités de produire des suites ou transformer en prise de vues réelles ce qui était auparavant en animation, comme ce que nous faisons avec Vaiana en 2026, c’est une super opportunité pour l’entreprise et pour soutenir nos franchises.
Donc je ne dirais pas que nous mettons en priorité l’un ou l’autre. Notre priorité est de faire de super films qui vont au final résonner avec les consommateurs. »
Notons le choix du mot : « consommateur », plutôt spectateur ou public. Logique dans un monde où on parle de « contenu », plutôt que de film ou de série.
Bob Iger face aux « consommateurs »LES 4 PAS SI FANTASTIQUES
Si Bob Iger se justifie ainsi, c’est parce que l’agenda des sorties de Disney en dit long : Freaky Friday 2, Predator : Badlands, Tron : Ares, Zootopie 3 et Avatar 3 jusqu’à fin 2025, et le remake de Vaiana, Toy Story 5, The Mandalorian & Grogu, Le Diable s’habille en Prada 2, Spider-Man 4 et Avengers 5 en 2026. Comme chez tous les autres studios, les exploitations de « marques » déjà établies semblent sans fin, parmi quelques œuvres plus « originales » (on pense aux adaptations des livres The Dog Stars par Ridley Scott et Whalefall par Brian Duffield, ou au prochain Sam Raimi, Send Help).
L’originalité est-elle en voie de disparition dans les superproductions ? Bien sûr que non, puisqu’il suffit de redéfinir « originalité » :
« Plus nous pouvons trouver et développer des franchises originales, mieux c’est. Bien sûr, nous développons des franchises originales sous la bannière 20th Century et sous la bannière Searchlight. Et on pourrait même défendre l’idée que Marvel continue à dénicher des choses originales dans son catalogue de personnages.
Même si, par exemple, il y a eu des films Les 4 Fantastiques avant, nous considérons en quelque sorte que nous avons fait quelque chose d’original à bien des égards, parce que nous présentons ces personnages à des gens qui ne sont pas familiers du tout avec eux. »
Toi face au bullshit de Bob Iger
Quant au score pas très explosif des 4 Fantastiques au box-office jusque là, Bob Iger semblait n’avoir qu’une seule chose à dire :
« Le film a lancé avec succès cette importante franchise dans le Marvel Cinematic Universe. »
Le blockbuster à 200 millions a pourtant quelques sérieux petits problèmes. Au box-office nord-américain, il a démarré avec un score convenable (117 millions, la fourchette moyenne/basse du MCU) ; pour son deuxième week-end, il a chuté de -66%, indiquant un enthousiasme très modéré ; et pour son troisième week-end, il va être dépassé par les nouveautés Freaky Friday 2 (chez Disney aussi) et Évanouis. On a vu meilleur lancement pour des personnages liés aux Avengers.
Les 4 Fantastiques : Premiers pas approche des 400 millions dans le monde, sans garantie d’aller très haut au box-office puisque les chiffres d’Ant-Man 2 (623 millions) ou des Gardiens de la galaxie (770 millions) semblent encore loin. À titre de comparaison, Superman a atteint les 560 millions, un score pas vraiment sensationnel non plus, même si la part nord-américaine est particulièrement solide. Et Jurassic World : Renaissance écrase tout le monde avec 770 millions… ce qui est toutefois très loin des précédents épisodes. Disney pourra toujours se consoler avec le rouleau compresseur Lilo & Stitch, qui a franchi le cap du milliard.