Déjà atteint dans le courant du mois de juin 2025, le seuil symbolique des 40 °C devrait être tutoyé lors de l’épisode de fortes chaleurs qui débute en ce jeudi 7 août 2025. Le signe que ce qui était exceptionnel est en passe de devenir, sinon habituel, du moins fréquent.

Des 40 °C de plus en plus fréquents

C’est notamment ce que rappellent les données fournies à Ouest-France par Météo-France. Ces dernières années, l’institut météo a vu le nombre de franchissements de ce seuil des 40 °C se multiplier sur son réseau de stations principal, qui est suffisamment vieux et fiable pour permettre des comparaisons sur le long terme.

Si les 40 °C n’ont pour le moment été atteints qu’une fois en 2025 sur le réseau principal de Météo-France (mais beaucoup plus sur le réseau secondaire), le nombre de franchissements avait été très important en 2023 (34) ou en 2022 (38). Comme le montre le graphique ci-dessous, le record appartient à l’année 2003, avec 88 franchissements. L’année 2019, marquée par d’intenses vagues de chaleur, en avait elle connu 72.

Une illustration du réchauffement climatique

Le fait que ce seuil des 40 °C ait été si fréquemment atteint ces dernières années constitue un symbole du réchauffement climatique lié aux activités humaines (transports, agriculture, industrie, etc.).

À titre exemple, Météo France n’avait répertorié que 2 franchissements de ce seuil dans les années 1950 et 1960 et aucun dans les années 1970. Les années 1980 en avaient elle compté 26. Si, du fait de la variabilité naturelle du climat, ce total était redescendu à 0 dans les années 1990, le voir connaître un premier boom dans les années 1980 n’est pas un hasard. « En réalité, entre le début du XXe siècle et les années 80, il y a une augmentation de la température moyenne en France mais elle est assez faible, alors qu’elle est plus importante à partir des années 1980 », explique Christine Berne, climatologue à Météo-France.

Le graphique représentant les franchissements du seuil des 40 °C illustre une autre caractéristique du dérèglement climatique. « La courbe rappelle qu’avec le réchauffement climatique, les épisodes extrêmes apparaissent plus fréquemment alors qu’on n’en connaissait pas jusque-là, ou alors des extrêmes froids ! », explique Christine Berne.

40 °C dans la moitié nord

Par ailleurs, en plus d’être plus fréquents, ces franchissements du seuil des 40 °C interviennent dans des zones et des périodes jusque-là épargnées.

Au XXe siècle, ce seuil n’était, à de rares exceptions près, dépassé qu’en « juillet et en août », précisait en 2022 Samuel Morin, du Centre national de recherches météorologiques. Or, 2025 a bien vu ce seuil être franchi dès le mois de juin, tout comme 2022, 2019 et 2015. « C’est très clairement un marqueur de l’évolution climatique des dernières décennies ».

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Les 40 °C touchent également « une partie de plus en plus grande du territoire », note Christine Berne. Longtemps cantonnées à l’extrême sud du pays, ces températures extrêmes ont désormais gagné la moitié nord. Les nouveaux records de chaleur de Rennes ou de Nantes ont ainsi été établis bien au-delà de ce seuil symbolique.