Gueule du cinéma français, révélé à Cannes en 2016 grâce au film Restez verticales d’Alain Guiraudie, Raphaël Thiery a depuis tourné dans plus d’une cinquantaine de films. Au Festival international du film insolite, il présente L’homme d’argile premier film sensible, émouvant, grave et pourtant drôle et plein d’humanité, qui ouvre cette édition placée sous le signe du minéral, et siégera au jury courts-métrages. Rencontre avec un acteur singulier.

Connaissez-vous la région de la Haute Vallée de l’Aude ? Et le festival ?

On croit connaître une région parce qu’on y a passé un moment, dans un théâtre, une salle de spectacle, ou bien une gare, mais on connaît beaucoup d’endroits sans les connaître… Participer à un festival permet de découvrir les gens qui façonnent cette région. Un territoire, c’est quelque chose, mais moi, ce qui m’intéresse ce sont les gens qui y habitent et qui l’animent.

L’an dernier, j’ai décliné une première invitation car je jouais de mon instrument de prédilection, la cornemuse, dans un festival de musique traditionnelle organisé depuis 48 ans dans mon village. Fort heureusement, Fanny Bastien m’a de nouveau invité cette année et j’ai pu accepter !

Quelle place accordez-vous au cinéma dit « insolite » dans votre parcours d’acteur et de spectateur ?

Pour moi, un film insolite, ça ne veut pas dire grand-chose… Un film est un film. Je sais qu’aujourd’hui on a besoin de ranger un peu tout dans des cases, film de genre, film d’action, film d’époque… Je ne suis pas pour ce mode de classification. Chaque festival a sa propre programmation, riche et variée, qui permet de partir à la découverte d’univers, donc je vais me laisser porter par la sélection du Fifi !

Vous êtes juré pour la sélection de courts-métrages du Fifi. C’est quoi pour vous « un bon court » ?

Une compétition de court-métrage, c’est toujours intéressant. Les cinéastes ont la possibilité d’aborder des sujets différents, d’aller au bout de leurs idées, et ce malgré une économie souvent précaire. Comme acteur, ce format m’a permis de jouer des personnages extrêmement différents, donc c’est toujours très riche. Et raconter une histoire en 15 ou 20 minutes, je trouve que ça relève un peu de la performance artistique !

Vous allez présenter « L’homme d’argile » de la réalisatrice Anaïs Tellenne. Que représente ce film pour vous ?

J’ai d’abord travaillé avec Anaïs sur trois courts-métrages. Rien ne nous prédestinait à cette rencontre : nous sommes de deux milieux différents, de deux générations différentes… Ce qui nous réunit, c’est une envie commune de cinéma. J’ai tout de suite vu dans son travail une grande beauté, quelque chose qui m’a séduit. Avec L’homme d’argile il y a eu une construction un peu plus collective. J’ai donné beaucoup de moi dans l’histoire, dans ce personnage et c’est pourquoi ce film revêt une certaine particularité pour moi. Et Anaïs a filmé ça magnifiquement !