En appelant à l’expulsion massive des étudiants étrangers, Steve Bannon relance un discours nationaliste radical qui inquiète le monde académique. Derrière cette provocation, se dessine une menace bien réelle pour l’économie, la recherche et l’influence des États-Unis. MCE vous dit tout de A à Z !
Steve Bannon appelle à une purge totale des étudiants étrangers
Vendredi dernier, Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, a une nouvelle fois déclenché la controverse en appelant à une expulsion massive des étudiants étrangers des États-Unis. Dans une intervention remarquée, il a déclaré : « Vous avez 30 jours pour passer du temps avec vos camarades, participer à des activités d’anciens élèves. Ensuite, partez. »
Cette déclaration fait suite à sa proposition radicale qu’il n’y ait plus « un seul étudiant étranger dans le pays en ce moment ». Bien que souvent provocatrices, les sorties de Bannon ne sont pas anodines : elles servent régulièrement de ballon d’essai idéologique pour les républicains et sont donc surveillées de près, selon The Times of India.
Bannon va jusqu’à évoquer une « purge totale » des quelque 1,12 million d’étudiants étrangers présents dans les universités américaines. Il considère que leur départ pourrait renforcer les nations d’origine tout en recentrant les bénéfices de l’éducation américaine sur ses citoyens.
Ce discours protectionniste et nationaliste, bien que marginal dans son extrême, trouve un écho croissant dans les cercles conservateurs. Il s’inscrit dans une dynamique où l’étranger est vu comme une menace à la souveraineté économique et culturelle du pays.
Mais au-delà des propos provocateurs de Steve Bannon, c’est surtout l’impact concret d’une telle politique sur les États-Unis qui suscite de vives inquiétudes. MCE vous raconte !
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Un exode qui coûterait cher à l’Amérique
Si les idées de Bannon se concrétisaient, les conséquences pour les États-Unis seraient lourdes, notamment sur le plan économique. Les étudiants étrangers représentent à peine 6 % de la population étudiante, mais leur poids financier est colossal. En 2023-2024, ils ont injecté 43,8 milliards de dollars dans l’économie américaine.
Leurs frais de scolarité, souvent deux fois plus élevés que ceux des étudiants locaux, constituent une ressource majeure pour de nombreuses universités. Certains établissements, dont le modèle économique repose sur ces revenus, pourraient se retrouver en difficulté, tout comme les secteurs de l’hébergement, de la restauration ou encore des transports dans les villes universitaires.
Au-delà de l’aspect financier, leur départ entraînerait une fuite massive de cerveaux. Les étudiants étrangers forment une main-d’œuvre hautement qualifiée, essentielle pour la recherche, l’innovation et l’entrepreneuriat.
Un quart des start-ups américaines valorisées à plus d’un milliard de dollars ont été fondées par d’anciens étudiants étrangers. En 2020, plus de la moitié des brevets déposés aux États-Unis l’ont été par des inventeurs non-américains. Les exclure nuirait à l’innovation nationale et pousserait les entreprises à externaliser leur recrutement.
Enfin, cette politique minerait le soft power américain. L’image des États-Unis comme terre d’accueil intellectuelle est déjà ternie par des décisions restrictives. Harvard elle-même a dû saisir la justice pour protéger ses étudiants.
La méfiance à l’égard des étrangers pourrait entraîner une chute des inscriptions et affaiblir durablement l’influence américaine à l’échelle mondiale. Ce repli idéologique risque donc de nuire à la puissance qu’il prétend préserver.