
En 2016, Sergueï Smirnov, le directeur général de l’ « usine de l’association de production aéronautique de Novossibirsk » [NAPO], filiale du constructeur Sukhoï, fit savoir que l’Algérie avait l’intention de commander quatorze nouveaux bombardiers tactiques Su-34 « Fullback » auprès de la Russie et de moderniser une partie de ses avions d’attaque Su-24 « Fencer ».
Ce que les autorités algériennes se gardèrent de confirmer, comme ce fut le cas quand, trois plus tard, des sources industrielles russes évoquèrent une commande de 14 chasseurs multirôles Su-35 « Flanker E » passée par Alger.
Cette dernière s’est finalement concrétisée, un Su-35 ayant été repéré alors qu’il survolait la région d’Oum El Bouaghi, en mars dernier. Au passage, l’appareil en question portait la même livrée que les Su-35 que l’Égypte avait commandés quelques années plus tôt, avant de se raviser afin de s’épargner de possibles sanctions américaines.
Ces derniers temps, il a également été avancé que l’Algérie envisageait de se procurer un lot de quatorze chasseurs-bombardiers de 5e génération Su-57E Felon.
Cette rumeur avait d’ailleur repris de la vigueur quand Aleksandr Mikheyev, le directeur de Rosoboronexport, l’agence chargée des exportations d’équipements militaires russes, indiqua que cet appareil venait de faire l’objet de sa première commande à l’exportation, signée par un « client mystère ». Et elle s’amplifia encore quand une délégation russe de « haut rang » se rendit à Alger pour, selon le canal Telegram « Russian Arms », conclure des « coopérations militaro-techniques et finaliser la commande de Su-57 ».
Pour le moment, le gouvernement algérien n’a pas officiellement confirmé l’achat de Su-57… à moins qu’il ne l’ait fait par l’entremise de la télévision d’État algérienne, laquelle a effectivement parlé d’une commande initiale de six appareils, les deux premiers devant être livrés en 2025. Et d’ajouter que huit autres pourraient être achetés ultérieurement.
Quant à la commande de quatorze Su-34 « Fullback » évoquée par le responsable russe il y a près de dix ans, elle serait sur le point d’être honorée. C’est en effet ce que suggèrent des photographies qui, prises à l’aéroport de Joukovski, dans les environs de Moscou, montrent un appareil de ce type arborant une livrée qui n’est pas en vigueur au sein des forces aérospatiales russes.
🇩🇿 The Algerian Air Force’s Su-34 fighter-bomber is currently undergoing test flights in Russia ahead of its scheduled delivery.
This marks a significant step in Algeria’s efforts to enhance its long-range strike capabilities.#Algeria #Su34 #MilitaryAviation #DefenseNews… pic.twitter.com/Kult6M2wUI
— Global Defense Insight (@Defense_Talks) August 7, 2025
Ce n’est pas la première fois qu’un Su-34 volant dans une livrée inhabituelle est photographié : cela a été le cas en mai dernier, dans la région de Novossibirsk, soit près de l’usine qui assemble ce type d’avion.
Sukhoi Su-34 in desert camouflage seen in Russia
A large batch is reportedly being prepared for delivery to an African country pic.twitter.com/2BYHx5I7ox
— MenchOsint (@MenchOsint) May 18, 2025
Étant donné son camouflage aux tons désertiques, on peut supposer que ce Su-34 « Fullback » est destiné à un pays d’Afrique ou du Moyen-Orient, comme l’Iran. Mais, à ce jour, l’Algérie est la seule qui a été citée pour devenir son premier client.
Pour rappel, ayant un long rayon d’action [4 000 km], le Su-34 « Fullback » a été développé à partir du Su-27IB, conçu au début des années 1999. Mis en oeuvre par deux aviateurs assis côte à côte dans le cockpit, ce biréacteur est surnommé le « char volant », en raison de sa masse [45,1 tonnes, charges utiles comprises], de son blindage de 17 mm et de sa capacité à emporter plus de 8 tonnes de munitions [bombes, missiles air-sol et air-air].
Par ailleurs, le Su-34 est doté d’un radar de suivi de terrain, d’un système de guidage et de désignation laser et de contre-mesures électroniques. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les forces aérospatiales russes en ont perdu au moins trente-huit exemplaires. Ce qui expliquerait pourquoi la commande algérienne, si elle est effectivement confirmée, a mis autant de temps pour se concrétiser.
Photo : Su-34 Fullback des forces aérospatiales russes