Le gouvernement britannique a annoncé mercredi des mesures destinées à mieux encadrer les interventions de médecine esthétique à risque, afin de lutter contre les pratiques d’acteurs sans qualifications reconnues sur un marché en plein essor.
Le plan du ministère de la Santé prévoit que seuls des professionnels «dûment qualifiés» et exerçant dans des établissements reconnus par le gouvernement pourront pratiquer les procédures les plus invasives.
Parmi les interventions ciblées figure le «brazilian butt lift» (BBL), qui consiste à injecter de la graisse dans les fesses. Cette opération popularisée sur les réseaux sociaux est considérée comme l’une des plus dangereuses du secteur.
Les cliniques proposant des actes comme les injections de botox ou d’acide hyaluronique devront également obtenir une licence délivrée par les autorités locales. Des restrictions d’âge seront introduites pour interdire certains traitements aux mineurs, sauf autorisation médicale.
Depuis début juin, 41 cas de complications graves après des injections de toxine botulique ont été recensés par l’agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA), avec des symptômes tels que des troubles de la déglutition, des difficultés respiratoires et une élocution altérée.
Le ministère de la Santé souligne «l’inquiétude croissante face aux personnes non qualifiées pratiquant des traitements invasifs dans des environnements dangereux, notamment des domiciles privés, des hôtels et des cliniques improvisées».
Les mesures annoncées visent à protéger les patients, tout en réduisant la facture pour le NHS, le service public de santé britannique, contraint de prendre en charge les complications après des interventions ratées.
La mort en 2024 d’Alice Webb, une Britannique de 33 ans, après avoir subi un BBL, avait provoqué un électrochoc sur la nécessité de mieux encadrer ces pratiques.
«La question n’est pas d’empêcher qui que ce soit d’avoir recours à des traitements, il s’agit d’empêcher des opérateurs frauduleux d’exploiter les gens au détriment de leur sécurité», précise le ministère.
En 2024, les dépenses au Royaume-Uni des consommateurs pour les soins esthétiques ont atteint 10,1 milliards de livres, en hausse de 15% sur un an, selon un rapport du British Beauty Council, principal lobby de la filière.
L’association britannique des chirurgiens esthétiques (BAAPS) a recensé près de 27.500 interventions chirurgicales sur la même période, soit 5% de plus qu’en 2023.
Parmi les actes les plus en hausse figurent les liftings des cuisses (+24%) et des bras (+13%), le rehaussement des sourcils (+20%), ainsi que le lipofilling fessier (+19%), équivalent au BBL.
Plusieurs ordres professionnels, dont le Royal College of Surgeons, ont salué les annonces du gouvernement et appelé à ce que ces interventions soient strictement réservées à des chirurgiens certifiés.
L’association Save Face, qui recense les praticiens qualifiés, affirme dans un communiqué avoir accompagné plus de 750 femmes confrontées à des répercussions «traumatiques, souvent irréversibles» à la suite d’actes esthétiques à risque.