Il fut un temps où le Racing 92 sortait le chéquier comme d’autres les citrons à la mi-temps. Dan Carter, Johnny Sexton, Pat Lambie, Siya Kolisi, Finn Russell… Le club francilien brillait autant par son budget que par ses stars. Mais depuis quelques semaines, un vent nouveau souffle sur les Hauts-de-Seine. Un vent plus modeste, plus discret.

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Car cette intersaison a marqué un tournant : exit les noms ronflants, place à une politique de recrutement plus pragmatique, plus ancrée dans un projet collectif. Patrice Collazo, nouvel homme fort du Racing, ne s’en cache pas. « On veut construire un groupe. Pas dépendre d’un homme providentiel », lâche-t-il. Et dans cette optique, les visages changent, mais surtout les profils.

Ugo Seunes, la recrue qui intrigue

Dernier arrivé ? Ugo Seunes, demi d’ouverture d’Aurillac, 24 ans, encore inconnu il y a peu. Un joueur de Pro D2, certes, mais au profil « différent », dixit Collazo (Rugbyrama). Formé à Blagnac, conseillé par Christophe Deylaud et repéré par Michalak, Seunes est l’incarnation même de cette nouvelle ligne directrice : flairer le potentiel avant les autres. « Ce sont des joueurs qui posent les bonnes questions, pas les plus faciles », glisse l’ancien international. Une pépite ? Trop tôt pour le dire. Mais un pari clairement assumé.

Prisciantelli, Manu, Carbonneau : l’anti-bluff

Seunes n’est pas seul. Le Racing a aussi signé Geronimo Prisciantelli, ouvreur des Zèbres de Parme, qui a depuis été sélectionné avec les Pumas. Ou Joey Manu, ancien treiziste passé par le Japon, un profil explosif qui débarque sans fanfare. Ajoutez à cela Léo Carbonneau, Wilfried Hulleu, Thomas Lainault, et vous obtenez une liste qui ressemble plus à celle d’un club en reconstruction qu’à une flopée de stars.

Mais c’est bien l’idée. « On veut des joueurs qui collent au projet », martèle Collazo. Fini les individualités qui vampirisent le collectif.  Le Racing cherche maintenant des mecs qui veulent grandir avec le club, pas simplement y briller.

Une décennie sans titre, un électrochoc

Derrière cette révolution, il y a aussi un constat amer : le Racing n’a plus gagné de titre depuis 2016. Les paillettes n’ont pas suffi. Pire, elles ont peut-être masqué certaines lacunes structurelles. Alors Lorenzetti, toujours président du conseil de surveillance, a validé ce virage. Avec Collazo en chef de chantier, et Michalak en expert, le club veut renouer avec l’efficacité, quitte à sacrifier un peu de glamour.

Un changement à saluer ? Il est en tout cas cohérent. Et dans un Top 14 où La Rochelle, Bordeaux et Toulouse brillent par leur formation, le Racing tente de s’inspirer plutôt que de dépenser. Le retour aux sources, version ciel et blanc.