En mai dernier, l’une de ses vidéos sur Instagram, dans laquelle il prépare une pizza de A à Z, depuis la transformation du blé en farine à la fabrication du four, a récolté plus de 400 000 likes. La même sur Tiktok s’en sort avec 1,2 million de likes. En un peu plus d’un an, « Jules cuisine », le nom de ses comptes sur les réseaux sociaux, a séduit un large public – plus de 150 000 followers sur Instagram et 300 000 sur TikTok – avec son concept de vidéos de cuisine à la demande. « Je réponds à un commentaire. Je cuisine un plat ou présente une technique avec une musique en fond. Ça a vite eu du succès », explique le jeune homme de 20 ans, originaire de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne).

Lorsqu’il a annoncé dans une story Instagram qu’il lançait son restaurant éphémère pour une semaine, du 11 au 16 août, dans les locaux du restaurant Franquette, quartier Arnaud-Bernard, à Toulouse (Haute-Garonne), tout a été réservé en une dizaine de minutes. « Je ne m’y attendais pas trop », confesse Jules, ravi de cet engouement, même s’il reconnaît être stressé. « Pour être honnête, j’ai un peu peur. Mais j’avais besoin de ce coup de pression, pour voir si j’en suis capable. C’est pour cela que j’ai annoncé sur les réseaux que j’ouvrais mon resto il y a deux mois. Je ne pouvais plus reculer. »

Pour mettre en œuvre son projet, le jeune homme, titulaire d’un CAP et d’un brevet professionnel de cuisine, a déposé des dossiers dans de nombreux établissements toulousains, sans succès. Des difficultés qu’il relate sur les réseaux et qui débouchent sur quatre contacts positifs. Il opte finalement pour le restaurant Franquette, qu’il va donc louer pour une petite semaine, afin de proposer chaque jour sa cuisine à une table unique de 15 personnes. Avec un peu d’appréhension, donc, mais aussi beaucoup d’ambition et de détermination.

Un menu et une histoire enfantine

Car celui qui vit de la création de contenus depuis le mois de novembre après s’être lancé sur les réseaux de manière naturelle, inspiré par les vidéos culinaires, va proposer un menu en cinq temps, auxquels il ajoutera deux amuse-bouches et une mignardise. « C’est un menu conçu autour d’une histoire que j’avais écrite sur la vision d’un enfant perdu en forêt. La salle sera plongée dans le noir avec un enregistrement sonore de cette histoire. Celle-ci sera entrecoupée de plats en lien avec le déroulé. L’idée est de lier les plats aux émotions de l’enfant notamment », explique Jules.

Un vrai challenge pour le jeune Haut-Garonnais, qui s’est tourné vers la cuisine parce qu’il avait « un peu de mal à l’école ». « Et puis, j’ai toujours été intrigué par les cuisines », ajoute-t-il. Dans une famille où l’on privilégie les produits frais aux produits transformés, Jules a par ailleurs très vite été encouragé à cuisiner ce qu’il souhaitait manger. « Dès la quatrième, j’avais négocié avec le principal du collège pour pouvoir faire un stage de deux semaines que j’avais effectué dans un restaurant de Plaisance-du-Touch », raconte-t-il. Une expérience qui lui a donné encore plus envie de travailler dans ce milieu.

Aujourd’hui, Jules allie donc cette passion à l’audace de la jeunesse pour lancer son restaurant éphémère. Mais après ? « Je ne sais pas trop. Ce que j’aime en cuisine, c’est découvrir des choses, innover. La création de contenu m’offre une liberté géographique et financière appréciable mais être en cuisine me manque… Je me pose des questions », avoue le Toulousain, qui garde la tête sur les épaules. « Je ne veux pas entrer dans une course à l’excellence un peu absurde, qui peut devenir malsaine. Je veux me faire plaisir en conservant une bonne santé mentale. C’est à la nouvelle génération de changer un peu l’image de la cuisine. »