« Ce chat appartient-il à l’un d’entre vous ? », « S’agit-il d’un chat libre ? », « Avez-vous vu passer mon chat ? » Photos à l’appui sur les réseaux sociaux et dans les groupes Whatsapp, chaque jour, des habitants de l’Estaque usent de tous les moyens dans l’espoir de retrouver leur animal porté disparu depuis l’incendie du 8 juillet. Car au-delà de la terreur ressentie et de la perte partielle ou totale de leurs biens, nombreux sont ceux qui vivent aussi le traumatisme de cette disparition. Ces pertes, « c’est un drame qui s’ajoute au drame ». Administratrice du groupe Whatsapp du collectif de l’incendie du 8-Juillet consacré aux animaux, Ana n’a pu qu’accompagner la tristesse de ceux qui ont appris que la dépouille de leur compagnon à quatre pattes avait été extraite des débris calcinés. C’est la Sacpa, l’organisme en charge de la fourrière municipale à Marseille, qui s’est chargée des opérations, tout en capturant les blessés.
Une vingtaine de chats ont ainsi été retrouvés vivants dans les jours qui ont suivi l’incendie. Comme beaucoup d’animaux blessés, sauvages ou sans maîtres, ils ont été soignés bénévolement par le vétérinaire du Rove, dont la petite clinique, débordée, continue de recevoir l’aide de volontaires, pour caresser et sociabiliser les chatons. Les refuges locaux étant saturés, d’autres bêtes ont été confiées à l’association monégasque Roketon, avec le soutien de la princesse Charlène. « Sylvie Sermenghi, la présidente de l’association, a pu échanger avec la princesse, qui a contacté la SPA de Monaco, explique Ana. Ils sont venus récupérer sept chatons et un chat gravement blessé, pour lequel Roketon avait déjà trouvé un foyer. »
Frida, la mascotte du groupe
Le groupe Whatsapp a vu le jour alors qu’une famille cherchait ses deux chats, Frida et Oggy, introuvables au moment de l’évacuation d’urgence. « Lorsque je suis revenue sur place, la maison était détruite, je n’y croyais même plus… Mais au bout de trois jours, Frida a répondu à mes appels en sortant d’une cachette, elle était recouverte de cendres, les coussinets, moustaches et museau un peu brûlés, s’émeut Zoé, leur maîtresse. Oggy, son fils, a été repéré caché sous la maison une semaine après. Il n’a plus de moustaches, il est apeuré, on le nourrit à distance car malgré une tentative avec une cage de trappage, il s’est échappé au dernier moment ; on n’a toujours pas réussi à le récupérer. » La belle histoire a donné du baume au cœur et de l’espoir à ceux qui cherchent toujours leurs chats. D’autres ont d’ailleurs été retrouvés depuis.
« On a mis Frida en photo de profil du groupe, elle est devenue notre mascotte », confirme Catherine. Ardente défenseuse de la cause animale, l’Estaquéenne a découvert que de nombreux autres riverains partageaient ce même amour du vivant, l’incitant à réunir tous les volontaires au sein d’un réseau de « nourricières » du 16e arrondissement. Elle souligne « la rapidité de la mobilisation et la générosité des bénévoles, immédiatement présents dès qu’on a besoin d’un don de croquettes ». Mais aussi le soutien de la Sacpa « qui a aidé à trapper des chats dès le lendemain ».
Rançon du succès des bénévoles mobilisés pour les animaux, la médiatisation du nourrissage des chèvres des collines a fini par attirer des personnes qui, croyant bien faire, leur donnent du pain, dangereux pour leur santé, ou « adoptent des comportements inappropriés pour leur bien-être », regrette Ana qui s’inquiète de voir les chèvres devenir « une attraction touristique ». De nouveaux bénévoles, formés par les anciens, continuent de se relayer pour nourrir les survivantes, le temps que les terres brûlées leur fournissent de nouveau de quoi brouter.