Au début du siècle, la saison 2001 se lançait avec 11 écuries. Bien que figurant parmi les inscrits, Minardi a bien failli ne jamais y participer. Avec à son bord Fernando Alonso, qui s’apprêtait à disputer sa première saison, la formation italienne a fait travailler une petite équipe presque 24h sur 24 pendant « six semaines et trois jours », se souvient Paul Stoddart, qui venait tout juste de racheter Minardi pour l’équivalent de cinq millions d’euros.

« Il ne s’est écoulé que six semaines et trois jours entre le moment où je suis entré dans ce bâtiment de Faenza [en Italie], en y trouvant simplement 40 employés et une petite maquette en bois de la voiture, et le moment où nous avons mis la véritable auto sur la grille de Melbourne », raconte Paul Stoddart au magazine Motor Sport.

Pour gonfler un peu les effectifs, le responsable australien a rappelé 40 autres employés qui devaient à l’origine travailler sur son écurie en F3000. « Nous leur avons dit qu’ils allaient à Faenza pour trois semaines, ils y sont restés six. »

Alonso le mécanicien
Fernando Alonso chez Minardi en 2001.

Fernando Alonso chez Minardi en 2001.

Photo de: Motorsport Images

En urgence, tous ont été logés dans un petit hôtel de sorte qu’il y ait toujours une équipe pour travailler sur la voiture. « [Ils rentraient] à l’hôtel et [en chassaient] un autre du lit pour le [renvoyer] au travail. Pour ma part, je travaillais près de 24 heures par jour », se rappelle Stoddart. « Ce n’était pas un travail pour les faibles. »

Pour construire la voiture, l’équipe se basait sur un modèle de la PS01 en bois, dessiné par Gustav Brunner. Mais lorsqu’un partenariat moteur fut conclu entre Minardi et Cosworth, il fallut presque tout recommencer. Même Fernando Alonso a mis les mains dans le cambouis pour aider sa future équipe.

« Il s’y est intéressé pour deux raisons. D’abord, parce qu’il a réalisé que si cette voiture n’allait pas à Melbourne, il n’allait pas courir. Et deuxièmement, le fait est que lorsque vous travaillez aussi étroitement avec une équipe qui compte si peu de personnes, vous apprenez vraiment à comprendre ce que chacun fait. Il n’est pas difficile de trouver où aider. Même moi, j’ai construit et vissé un aileron arrière ! »

Stoddart révèle avoir envoyé un jet de 126 places vide pour pouvoir transporter des pièces. « Nous avions besoin de deux supports d’échappement en titane qui étaient fabriqués au Royaume-Uni. […] Les pièces étaient censées être à l’aéroport de Coventry à 20 heures et elles sont arrivées à 3 heures », explique-t-il. « L’échec n’était pas une option. Nous devions arriver à Melbourne coûte que coûte. »

Pari gagné
Tarso Marques au volant de la Minardi PS01.

Tarso Marques au volant de la Minardi PS01.

Photo de: Charles Coates / Motorsport Images

Finalement, l’écurie s’est retrouvée en Italie, à Varano, pour le shakedown d’avant-saison, après encore quelques sueurs froides : « Nous avons failli [le] manquer à cause du brouillard ». Une fois à Melbourne, si la voiture d’Alonso fonctionnait, ce fut moins le cas pour celle de son coéquipier, Tarso Marques. « Nous avons dû construire la voiture du pauvre Tarso dans le garage, à Melbourne. » Le Brésilien n’a pas réussi à atteindre les 107 % d’écart avec le poleman, mais a finalement été repêché par la FIA.

« Quand je suis entré dans le garage, il y avait énormément de membres de l’équipe en larmes, des grands gars qui pleuraient comme des madeleines, simplement d’épuisement et de fierté », se souvient Stoddart lorsqu’il évoque la première course à Melbourne, conclue à la 12e place par Alonso. Malgré la promesse de l’Espagnol faite à son directeur de « ramener des points » à l’écurie, il n’a pas pu faire mieux dans la saison qu’une dixième place en Allemagne, mais a pu démontrer tout son potentiel, notamment en qualification.

Des années plus tard, Paul Stoddart salue les résultats de ses successeurs. « Red Bull a été fantastique. Ils ont honoré tous les engagements pris dans notre accord : ils ont gardé l’usine à Faenza comme je l’avais demandé, et ils y ont investi des millions. J’en suis fier, et fier de la façon dont ça s’est passé, parce que beaucoup de personnes qui ont travaillé pour moi il y a 15 ans sont encore là aujourd’hui », explique-t-il.

« Quand Sebastian [Vettel] a gagné à Monza en 2008, j’ai pleuré à chaudes larmes, parce que j’avais vraiment le sentiment que c’était encore Minardi. On a juste le sentiment qu’on en fera toujours partie. »

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