Chaque semaine, Midi Olympique vous propose de plonger dans les coulisses d’un transfert qui aura marqué l’histoire du Top 14. Cette semaine, retour sur la signature de Conrad Smith à Pau en 2015. Promu en première division, le club béarnais a vu les choses en grand pour exister au plus haut niveau.

Pour découvrir le Top 14, la Section paloise a vu les choses en grand. En très grand. Au début de l’année 2015, les Béarnais, bien installés à la première place, évoluent encore en deuxième division mais foncent vers l’élite. À l’époque, le premier du classement à la fin de la phase régulière de Pro D2 est sacré champion de France et obtient son billet pour l’échelon supérieur.

« Ce format nous a permis de préparer notre montée, se rappelle David Aucagne, entraîneur des trois-quarts palois il y a dix ans. Grâce à notre très bon début de saison, la promotion s’est rapidement rapprochée. Notre recrutement s’est accéléré. » Pas vraiment excités par l’idée de faire l’ascenseur, les dirigeants béarnais ont couché de gros noms sur la liste des transferts. Un seul attire un peu plus l’œil que les autres : Conrad Smith. Une piste aussi folle qu’excitante, qui s’est rapidement transformée en énorme coup sur le marché.

Mannix-Smith, la connexion néo-zélandaise

Les contacts n’ont pas été difficiles à prendre avec l’entourage du All Black. « Simon Mannix (1 sélection avec la Nouvelle-Zélande), qui était le manager, avait des connexions en Nouvelle-Zélande, explique Aucagne. Il recherchait des joueurs de talent bien évidemment, mais surtout aguerris et expérimentés. L’objectif était de voir arriver des mecs qui allaient peser dans un groupe, apporter à leurs partenaires… »

Simon Mannix et Conrad Smith se connaissaient bien.

Simon Mannix et Conrad Smith se connaissaient bien.
Manuel Blondeau / Icon Sport

Dès février, la signature du joueur des Hurricanes est annoncée. Débute à partir de ce moment-là une longue attente pour les supporters vert et blanc : « Ça en parlait forcément du côté du Hameau. Pour les fans, c’était assez fou d’avoir un mec comme ça qui signe à Pau. » Surtout qu’avec la Coupe du monde 2015 à jouer en Angleterre, Conrad Smith manquera forcément le début de saison. De l’autre côté de la Manche, Smith remporte une deuxième Coupe du monde avec les Kiwis avec un statut de titulaire indiscutable. Il était notamment titulaire lors du fameux quart de finale face aux Bleus (62-13) et en finale contre l’Australie (34-17).

C’est une véritable rock star qui atterrit à l’aéroport de Pau le 14 décembre. Aussitôt les pieds posés sur le territoire français, l’ancien des Canes s’est vu offrir un béret, tradition oblige…

Un patron, un vrai

Cinq jours après son arrivée en France, Conrad Smith dispute son premier match avec la Section paloise. Remplaçant au coup d’envoi, le Néo-Zélandais affronte Newport en Challenge Cup. C’est le 27 décembre 2015 que le centre découvre le Top 14 sur le rectangle vert du Hameau face à La Rochelle.

En quelques semaines, la recrue star de la Section paloise devient un des cadres du groupe vert et blanc. David Aucagne se souvient : « C’était quelqu’un de très travailleur. Il a directement été très investi, autant sur le plan de jeu que lors des entraînements. On l’avait aussi missionné sur tout ce qui était défensif car c’était une référence. Tout s’est très bien passé. »

Et comme pour de nombreux grands joueurs, les mots sont rares mais précieux : « C’était un exemple pour tout le monde. Il ne parlait pas énormément mais chaque parole était importante pour le groupe. Que des discours ciblés, doux et utiles pour la suite. » Un vrai patron, quoi.

Au final, Conrad Smith a disputé trois saisons avec le maillot de la Section paloise sur les épaules, le numéro 13 collé dans le dos. Même s’il n’a pas réussi à porter le club en phase finale, le All Black aux 94 sélections fut un acteur majeur du développement de Pau.