Avec « Bordeaux bleu banane », le lecteur retrouvera les petits cailloux qu’aime semer Xavier Dorsemaine dans ses précédents ouvrages, et d’abord ses inusables références musicales (Bob Dylan, les Beatles ou Syd Barrett). Tout ça ne respire pas le neuf mais ce récit se déroule à Bordeaux à la fin des années 1970, dans un lieu insolite de la place Stalingrad et quand « être bleu banane » signifiait être surpris, voire sidéré. On le sait, la nostalgie habille Dorsemaine des pieds au chapeau et il la porte avec chic.
Et pourtant, même si on reconnaît dans le personnage de Victor des traits de l’auteur, dont un compte en banque qui sonne creux, même s’il y décrit une romance au doux parfum de l’automne de l’adolescence, même si le charme opère encore à coup sûr grâce à des seconds rôles bohèmes et attachants, Dorsemaine nous entraîne ce coup-ci sur les sentiers d’un vrai roman, joliment dialogué. Ce nouveau Dorsemaine donne de beaux fruits.
Xavier Dorsemaine, « Bordeaux bleu banane », éditions Dorso, 220 pages, 16 euros.