Le vice-président américain J.D. Vance a rencontré le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, vendredi dans une résidence officielle au sud de Londres. Les deux dirigeants ont déclaré que l’ordre du jour incluait l’économie mondiale, la guerre entre Israël et le Hamas et l’invasion russe de l’Ukraine.
Répondant aux questions des journalistes avant leurs entretiens, M. Vance a évoqué la décision du Royaume-Uni de reconnaître un État palestinien en septembre, à moins qu’Israël n’accepte un cessez-le-feu à Gaza. Il a affirmé qu’il n’était pas certain de la signification d’une telle reconnaissance, «étant donné l’absence de gouvernement fonctionnel dans cette région».
Interrogé sur la question de savoir si M. Trump avait été informé de l’intention annoncée d’Israël d’occuper la ville de Gaza, M. Vance a répondu qu’il ne s’engagerait pas dans de telles discussions.
«S’il était facile d’apporter la paix dans cette région du monde, cela aurait déjà été fait», a-t-il déclaré.
Cette rencontre survient dans un contexte de débats entre Washington et Londres sur la meilleure façon de mettre fin aux guerres entre la Russie et l’Ukraine, ainsi qu’entre Israël et le Hamas.
La discussion est aussi tenue alors que le Royaume-Uni tente de négocier des conditions favorables pour ses exportations d’acier et d’aluminium vers les États-Unis, et que les deux parties peaufinent les détails d’un accord commercial plus large annoncé fin juin.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré jeudi espérer rencontrer le président américain Donald Trump la semaine prochaine, des propos qui interviennent la veille de la date limite fixée par M. Trump pour que Moscou fasse état de progrès vers la fin de la guerre en Ukraine, qui dure depuis près de trois ans et demi.
Alors que M. Trump s’est concentré sur les discussions bilatérales avec Vladimir Poutine, le premier ministre britannique Keir Starmer et d’autres dirigeants européens ont souligné que l’Ukraine devait être partie prenante de toute négociation visant à mettre fin à la guerre.
Les États-Unis et le Royaume-Uni, qui entretiennent des liens historiques étroits, connus sous le nom de «relation spéciale», sont également en désaccord sur leur approche pour mettre fin à la guerre à Gaza.
La rencontre a eu lieu à Chevening, une demeure vieille de près de 400 ans entourée de 1200 hectares de jardins, qui sert de résidence de campagne officielle du secrétaire aux Affaires étrangères.
Une vingtaine de manifestants ont été aperçus sur la route avant la sortie menant à la demeure. Certains portaient des keffiehs et un autre brandissait une pancarte ronde sur laquelle était imprimé un mème se moquant de J.D. Vance.
Vance est un «ami»
MM. Vance et Lammy sont issus d’horizons politiques opposés, mais ont tissé des liens personnels grâce à leur enfance difficile et à leur foi chrétienne.
Bien que M. Lammy soit membre du Parti travailliste, de gauche, et que M. Vance soit un républicain conservateur soutenant le programme «l’Amérique d’abord» de Donald Trump, les deux hommes se sont rapprochés ces derniers mois.
M. Lammy a affirmé au Guardian que les deux hommes se reconnaissaient dans leur enfance «dysfonctionnelle» dans la classe ouvrière et qu’il considérait M. Vance comme un «ami».
Il a assisté à une messe catholique au domicile des Vance à Washington plus tôt cette année, et les deux hommes se sont retrouvés à l’ambassade des États-Unis à Rome lors de l’investiture du pape Léon XIV en mai, avec la vice-première ministre du Royaume-Uni Angela Rayner.
«J’ai eu le sentiment que J.D. s’identifiait parfaitement à moi et qu’il s’identifiait parfaitement à Angela, a dit M. Lammy au Guardian. Ce fut donc une heure et demie merveilleuse.»
Après quelques jours passés à Chevening, M. Vance et sa famille se rendront dans les Cotswolds, une région prisée des touristes américains fortunés pour ses villages pittoresques, ses manoirs en pierre et sa campagne rurale rappelant l’Angleterre d’antan.
Le voyage de la famille Vance comprendra des engagements officiels, des collectes de fonds, des visites de sites culturels et de musées, ainsi que des rencontres avec les troupes américaines, selon une personne proche du voyage de M. Vance, qui n’était pas autorisée à s’exprimer publiquement et qui a requis l’anonymat.
De nombreuses célébrités se sont rendues dans la région il y a deux semaines pour le mariage d’Eve Jobs, la fille du cofondateur d’Apple, Steve Jobs, et de Harry Charles, membre de l’équipe équestre britannique aux Jeux olympiques de Paris l’été dernier.
Les Cotswolds s’étendent sur environ 2000 kilomètres carrés et couvrent une partie de cinq comtés de l’ouest de l’Angleterre. Selon les médias britanniques, M. Vance et sa famille auraient loué une maison dans le village de Charlbury, à 20 kilomètres à l’ouest d’Oxford.
Danica Kirka et Meg Kinnard, The Associated Press