De multiples canettes en alu, bouteilles en verre, papiers de fast-food et plastiques en tout genre, des mégots à foison, un bocal de cornichons, deux pancartes d’auto-stop (etc.) jonchent le sol, en bordure de rocade, ce vendredi 8 août, à Rennes.
En quelques minutes, deux agents de la Direction interdépartementale des routes Ouest (Diro) remplissent presque deux grands sacs-poubelles. « Du quotidien, comme une vis sans fin, en plein d’endroits. C’est désolant », confient André Guillemer et Laurent Guilleron. Un peu plus tôt, sur quatre kilomètres de terre-plein central, ils ont trouvé « une dizaine d‘enjoliveurs, des téléphones portables, des chiffons »…
715 tonnes par an à l’échelle de la Diro
Ces patrouilleurs, comme 18 autres agents du centre rennais de la Diro, effectuent des interventions d’urgence, d’assistance, d’entretien, de signalisation sur 90 kilomètres de rocade et de tronçons des RN 24 (vers Lorient) et RN 12 (vers Saint-Brieuc). « La collecte des déchets, que nous trions derrière, empiète sur leurs autres missions. C’est de l’ordre d’une demi-heure par jour. Ces objets jetés ou perdus, ces dépôts irresponsables, ce sont des prises de risque pour nos agents et les usagers, des atteintes à la biodiversité », relève Véronique Malard, adjointe au chef de centre.
Laurent Guilleron travaille, depuis cinq mois, au centre rennais de la Diro. Il collecte des déchets, le 8 août 2025, sur un échangeur de la rocade de Rennes. (Le Télégramme/Bruno Salaün)
L’antenne rennaise est l’un des 26 centres de la Diro qui couvrent 1 430 km de routes nationales en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Pas moins de 500 kg de déchets au kilomètre, soit 715 tonnes au total, y sont ramassés à l’année. En 2023, le coût de nettoyage des abords des routes et aires de repos a atteint 100 000 euros. « Sur nos aires, nous facilitons le tri mais on constate que les réflexes des usagers sont moins bons qu’à la maison », note Mathieu Le Pen, chargé de développement durable à la Diro.
Le « fléau » des bonbonnes de protoxyde d’azote
À elle seule, l’agence rennaise collecte 2,2 tonnes d’ordures ménagères par mois. Mais les patrouilleurs trouvent aussi fréquemment des pneus, matelas et meubles, voire des plaques d’amiante. Et ils sont confrontés, de plus en plus, à des bonbonnes de protoxyde d’azote. « Un fléau ! Ce sont des objets dangereux pour nos agents et qui se retraitent difficilement, avec un coût certain : j’ai un devis à 2 000 euros le fût de 200 litres », relate Véronique Malard.
André Guillemer travaille, depuis près de 30 ans, à la Diro. Il ramasse des déchets, le 8 août 2025, dans un bassin de rétention des eaux pluviales de la rocade de Rennes. (Le Télégramme/Bruno Salaün)
De cunettes d’écoulement en bassins de rétention d’eaux pluviales, de bandes d’arrêt d’urgence en rives d’échangeur, André Guillemer et Laurent Guilleron accumulent les prises. Une longue sangle apparaît soudain au milieu de la chaussée. Le fourgon s’arrête. Le premier intime aux automobilistes de ralentir, le second jaillit pour la saisir.
En écho, le chef de centre, Guénaël Kernen, estime que « trop de transporteurs oublient d’arrimer ou de couvrir correctement leur cargaison, si bien qu’on peut se retrouver avec des amas de carton, des couloirs de gravier dans des courbes de la rocade. Hyper dangereux ! ».