Par
Olivia Kouassi
Publié le
9 août 2025 à 7h02
« Vous l’avez massacré », a tancé Frédéric Goerke, président du tribunal de Strasbourg. Deux jeunes hommes de 20 et 24 ans ont été jugés mercredi 6 août pour avoir violemment roué de coup un autre homme, le 28 juin dernier. Une agression qui s’est déroulée au sein de l’univers carcéral, les trois hommes étant tous les trois détenus à la prison de l’Elsau.
Un effet de groupe ?
Nez et pommettes fracturés, visage « fracassé », les deux jeunes hommes se sont « acharnés » sur leur victime jusqu’à ce qu’il perde connaissance dans la cour de promenade de la prison de l’Elsau. 30 jours d’interruption totale de travail (ITT) ont été temporairement prescrits à l’homme qui a manqué de perdre un œil.
« C’était un suicide de l’envoyer dans la cour de promenade », a expliqué l’un des mis en cause, déjà condamné pour des faits de violence. En effet, à l’arrivée de la victime lors de la promenade, la rumeur se répand rapidement parmi les détenus. L’homme a été condamné pour des faits de viol. Un statut de « pointeur » très mal considéré dans la hiérarchie carcérale. Les personnes détenues pour viol ou pédophilie étant généralement mises à l’écart du reste des détenus pour éviter des violences.
« Ils n’ont pas à faire venir les violeurs dans notre cour »
« Il m’a regardé en souriant et m’a dit ‘j’ai frappé ma femme, j’ai pris 12 ans’, je n’ai pas supporté », a détaillé le prévenu âgé de 24 ans. Malgré son jeune âge, ce dernier présente un épais casier judiciaire constellé de condamnation pour violences. « C’est moche mais ils n’ont pas à faire venir les violeurs dans notre cour », a-t-il ajouté.
« Quand j’ai vu les photos de son visage j’étais choqué, je regrette mon geste », s’est excusé le mis en cause âgé de 20 ans incarcéré pour la première fois pour des faits en lien avec les stupéfiants.
« Ils se sont trouvé un prétexte pour s’acharner sur la victime », s’est agacé le procureur Alban Gesbert, qui a requis des peines de trois et cinq ans de prison. Il a dénoncé « la lâcheté » des mis en cause « qui se sont pris pour des justiciers ».
Une société dans la société
« Ils se sont fait avoir par la vindicte carcérale », a plaidé l’avocat de la défense, Me Christian Mendy. Le conseil des deux jeunes hommes s’est attardé sur les codes qui régissent la prison et a dénoncé une « extrémisation de la violence causée par l’effet de groupe ».
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