La gestion des blocs opératoires peut être un vrai casse-tête. A Saint-Etienne, un projet de recherche innovant, les jumeaux numériques, entend améliorer la planification, la prise de décision, ainsi que la prise en charge du patient.

« Jamais une journée ne se passe comme prévu au bloc opératoire », constate Marie-Paule Bourbon, directrice du plateau technique de la clinique Mutualiste. Opération annulée ou reportée, patient en retard ou malade, peuvent vite venir enrayer une machine pourtant bien huilée. Ces aléas ne sont pas des exceptions et amènent à devoir décaler une intervention, et donc à avoir de la visibilité sur la disponibilité des blocs, savoir quel chirurgien est disponible, etc. Le tout avec une prise de décision qui doit être rapide.

Pour venir en aide aux soignants, la clinique mutualiste Aésio Santé et l’école des Mines de Saint-Etienne, travaillent à un projet novateur visant à révolutionner l’organisation et la gestion des blocs opératoires, grâce aux jumeaux numériques. Un projet porté par le groupe Aésio Santé et co-financé par le Fonds avenir santé numérique. « Lors d’un congrès d’ingénierie de la santé à la faculté de médecine, il y a quelques années, j’ai rencontré une étudiante qui avait mis ce projet au point, explique le docteur François Dufour, médecin anesthésiste. Cela a pris quelques années ensuite pour trouver les financements, et le projet a finalement démarré en fin d’année dernière ».

Une vue d’ensemble

Tous les jours, il y a un programme établi des opérations au sein des blocs. Ainsi, les soignants savent combien de temps doit durer chaque intervention, qui occupe tel bloc, avec quelle équipe, etc. Cette organisation est déroulée de semaine en semaine. Mais souvent, les médecins se rendent compte que ce qui est programmé ne reflète pas la réalité a posteriori. « Le jumeau numérique dédié au bloc va dérouler le programme tel qu’il aurait dû se passer, détaille le médecin. Le but est de revoir notre programmation. Si toutes les semaines, une même opération dure 2 heures alors qu’il est noté 1h30, cela permet de pouvoir ajuster les choses ».

De la même façon, si un patient ne peut être opéré parce qu’il est malade, le jumeau numérique, qui a une vision d’ensemble, saura immédiatement quand reprogrammer l’intervention et comment occuper le bloc vide. « C’est quelque chose que l’on fait déjà, mais de manière artisanale, ajoute Marie-Paule Bourbon. La santé coûte cher et on ne peut pas se permettre d’avoir une salle d’opération vide ».

Optimiser la prise en charge

Dans ce projet, un jumeau numérique est également dédié au patient. Il est quant à lui chargé de modéliser son parcours, pour anticiper les différentes étapes et optimiser sa prise en charge, selon son profil et ses pathologies. Mais pour le projet n’en est qu’à la première phase de son développement. « Nous avons réalisé une phase d’études initiale avec une analyse du flux des malades pour faire une modélisation informatique de ces données, explique François Dufour. La seconde phase consiste à rendre cet outil opérationnel afin qu’il puisse échanger avec notre outil informatique. Le but étant que ce soit une aide à la décision pour nous, mais la main humaine aura toujours le dernier mot ».

Pour l’instant, les données ne sont pas exploitables et consistent en des tableaux remplis de chiffres, que cette seconde phase pourra analyser. « Pour cela, il faut trouver les personnes compétentes. On espère que ce sera fait dans l’année, mais les profils ne sont pas simples à trouver ».