En rangs serrés devant les Baumettes, ce vendredi, le personnel hospitalier du centre pénitentiaire, rejoint par leurs homologues de l’établissement pour mineurs de la Valentine, délivre un message clair à sa direction : « Nos congés, c’est pas du luxe ! ». Ces derniers, qui exercent dans les différentes unités de soins dans le milieu carcéral, sont « en grève illimitée », à l’appel de la CGT.

En cause ? La volonté de la direction de l’AP-HM de leur supprimer des congés spécifiques, appelés C16 dans le jargon. « On nous supprime des jours qu’on a depuis 1994 ! Ce sont des jours que l’on mérite, c’est un acquis social ! », campe Samia*, infirmière, entourée par plusieurs de ses collègues qui approuvent de la tête. Hérités d’une réforme qui a fait passer les soignants exerçant en prison de la tutelle du ministère de la Justice à celui de la Santé, ces congés sont vus comme « la moindre des choses » par les soignants. « On est enfermés, on travaille dans un milieu hostile avec de la violence, il y a des agressions et parfois pire… Ces congés sont une façon de souffler pour nous et c’est une forme de reconnaissance de notre travail », abonde Marylou*.

Des jours « nécessaires »

Si Nour-Eddine Djazoul, secrétaire général de la CGT des hôpitaux Sud de Marseille et infirmier, reconnaît que ces jours « ne sont pas réglementaires », il rappelle avant tout qu’ils « n’ont aucun impact financier » sur les comptes de l’AP-HM. « Neuf jours par an pour un rythme de travail de 10h par jour, dans cet environnement, c’est nécessaire », tacle-t-il. D’où « l’injustice » ressentie par les agents concernés par la potentielle perte de ces jours, alors que ceux de l’EPM de la Valentine n’y ont pas droit. La mobilisation du jour, qui pourrait durer, puisqu’un nouveau rassemblement est prévu mardi 12 août, est donc aussi « pour l’équité ».

Contactée précédemment, la direction de l’AP-HM expliquait qu’elle « va renforcer son offre de soins au sein des structures pénitentiaires en 2025 », en vue de l’ouverture des Baumettes 3. « Dans ce cadre, l’AP-HM travaille sur l’organisation des soins (recrutement, réorganisation) et comme pour chaque restructuration, un dialogue social sera établi avec les organisations syndicales afin de redéfinir au mieux les organisations pour garantir des conditions des prises en charge de qualité pour les patients », développe-t-elle. Avant de rappeler, tout de même, que « l’organisation des services sanitaires en milieu pénitentiaire s’inscrira dans le respect du cadre de la réglementation du temps de travail ». Pas de quoi convaincre les grévistes, qui dénoncent une absence de dialogue social.

*Les prénoms ont été changés