« Peanuts, chocolate and sugar ! » (cacahuètes, chocolat et sucre) s’écrie joyeusement un vendeur de pralines dans la rue Saint-Ferréol. Après un timide « hello », en réponse à son « bonjour », je lui demande en anglais si je peux payer par carte bleue. D’un coup, l’incompréhension se lit sur son visage, l’élan de communication joyeux se mue en une gêne partagée. Je répète « card, credit card » (carte, carte de crédit), réussissant finalement par me faire comprendre en mimant le paiement sans contact. Tout ça, pour qu’il me dise non avec son doigt.

Ce jour-là, je ne suis pas Élisa Barthès, journaliste à La Provence, mais une touriste anglophone venue passer un séjour à Marseille. Chaque année, la Métropole Aix Marseille Provence accueille 7,7 millions de touristes, dont 26% viennent de l’étranger, essentiellement d’Allemagne, des États-Unis, du Royaume-Uni, d’Italie et de Suisse, selon Provence Tourisme.

Première étape, sortir de la gare Saint-Charles

Le périple d’un touriste à Marseille commence bien souvent à la gare Saint-Charles. Peu d’indications, le logo du métro en tout petit… Il n’est pas toujours facile de se repérer. Je sollicite donc un agent de la SNCF d’une cinquantaine d’années. « Where is the metro ? » (où est le métro ?), son œil s’illumine lorsqu’il reconnaît ce dernier mot. S’en suit alors un discours 100% en français, que je fais mine de ne pas comprendre, et des indications avec ses mains pour me guider.

Pas un seul mot d’anglais, mais le message est passé ! J’arrive devant les portiques pour accéder à la ligne M1 du métro. L’homme d’une cinquantaine d’années du service client de la RTM peine à me répondre. Il est rapidement sauvé par sa jeune collègue. Forfaits, trajets, conseils… Tout m’est expliqué dans un anglais parfaitement maîtrisé.

Après quelques arrêts de métro, me voilà arrivée sur le Vieux-Port, sous un soleil de plomb. Midi approche, je parcours les cartes des restaurants : très peu sont en anglais. Je m’arrête dans une brasserie, un serveur surnommé « l’Américain » par son collègue vient prendre ma commande.

Se repérer sur le Vieux-Port

Son coéquipier, un homme plus âgé, me sert mon jus d’orange. « Where are you from ? » (d’où viens-tu ?) me demande-t-il. Pas de panique, j’ai anticipé cette partie de mon infiltration. Mon accent n’étant pas assez bon pour venir d’Angleterre, j’ai prétexté être Croate, limitant les chances que quelqu’un parle « ma langue natale » ! Heureusement pour moi, je n’ai pas eu à m’enfoncer trop longtemps dans mon mensonge, un client a interrompu notre discussion.

Le soleil continue de taper, l’envie d’une glace se fait ressentir. Dans les deux glaciers où je me rends, je ne rencontre aucune difficulté à échanger. « Tu es la reine des glaces », lance, parfaitement à l’aise en anglais, l’un des vendeurs à une touriste qui a un tatouage en forme de glace.

« Bienvenue à Marseille ! »

La suite de ma promenade sur le Vieux-Port et ses alentours se poursuit sans encombres : les navettes maritimes sont indiquées clairement en anglais, le personnel est disponible. Même schéma pour le Mucem, la boutique de l’OM et d’autres magasins du côté du Panier. Des difficultés reviennent au moment de prendre le bus, mais à nouveau, les gestes ont permis de se comprendre.

Impossible de se rendre à Marseille sans passer par le Four des Navettes. Des touristes anglophones commandent, lorsqu’un homme à l’accent marseillais marqué qui fait la queue, leur demande en anglais s’ils ont « compris ce que la vendeuse a dit ». « Oui, merci beaucoup », répondent les touristes tout sourire, avant de partir sur le « bienvenue à Marseille ! » de l’homme âgé.